Le secteur financier vit un paradoxe: le ratage de l’entrée en Bourse de China Telecom (VdlC 37) induit une accélération des préparatifs de 3 des 4 banques publiques pour y aller d’ici 2005. La clé de l’énigme est simple: ICBC, BdC et CCB n’ont pas le choix, après l’injonction de la Banque populaire de Chine (leur tutelle) d’établir des réserves pour éponger 120 MM$ de mauvaises dettes, qui devraient baisser de 25 à 15% du capital. Trois ans seraient suffisants, croit Pékin, pour épurer les comptes.
La BPdC a donné cette consigne drastique, parce que le temps presse – les grandes banques, ne gagnent pas la bataille. Leurs dettes cumulées seraient à présent de 500MM$ (50% du PIB de 2000) selon les experts (200MM$ seulement, dit la BPdC). Or, en dépit de 33MM$ d’injection de capital public en 1998, et de la reprise de 169MM$ de ces mauvaises dettes par des structures de défaisance (SDD) créées à cet effet, la santé n’est pas revenue. Les SDD n’ont pas pu liquider les actifs faillis, ni poursuivre leur reprise des dettes des banques.
Celles-ci n’ont plus que 2 atouts :
1. beaucoup de cash, 1000MM$ d’épargne privée drainée dans leur circuit en l’absence d’autre valeur refuge. Mais toute situation de panique entraînerait des retraits massifs – et en 2007, les banques étrangères offriront une alternative. En un mot, selon Nicholas Lardy, gourou de la finance chinoise, "les conditions sont mures pour une crise financière en Chine"!
2. Selon Standar & Poor’s, la convalescence des banques ne mettra pas 3 ans, mais 20 ans : le plan de la BPdC, tel qu’aujourd’hui, ne suffira pas. D’où les fiévreux entretiens en cours avec la banque étrangère : "L’investissement étranger direct est une perspective inévitable", dit Zhang Enzhao, PDG de la ICBC. Le second atout est donc de négocier des prises de participation, en échange de leur réseau et de l’accès privilégié à marché chinois jusqu’à présent chasse gardée!
Sommaire N° 38