Editorial : Réforme économique, oui ; politique, non !

C’est un discours insolite qu’a prononcé Jiang Zemin au Grand Palais du Peuple pour l’ouverture (8/11) du XVI. Congrès, devant 2120 délégués prompts aux applaudissements. Le texte sur ‘la construction en grand d’une société de bien-être‘ fut un produit hybride de nostalgies, de patriotisme et d’accents mondialistes de l’OMC.

En effet, si Deng Xiaoping fut cité 10 fois et Mao Zedong 5 , le concept de (sange daibiao) «Triple représentativité» ne revint pas moins de 22 fois – toujours précédé du terme «importante théorie». Ce mot signifiant qu’il faut accepter les patrons privés au PCC, est l’apport théorique de Jiang en 12 ans de pouvoir, qu’il s’apprête à faire graver dans la constitution.

Jiang accorde à l’équipe sortante un autre titre de gloire: celui d’avoir «sauvegardé la grande cause du socialisme à la chinoise», alors que l’URSS et toute l’Europe de l’Est s’effondraient. Pour Jiang, le pouvoir issu des XIV. et XV. Congrès a su résister au vent, avec «immense courage», «magistrale pratique», «ferme discipline», «prodigieuse vitalité» et «en «avançant avec leur époque» : auto-satisfecit!

Comme en même temps, le PNB a quadruplé depuis 1989 et va en faire autant d’ici 2020, l’objectif est tracé : ne rien changer, reproduire « en grand » cet acquis, afin d’apporter au monde la preuve de « l’immense supériorité du socialisme à la chinoise… sans jamais copier les modèles politiques occidentaux » !

Après cet axiome, le discours révèle logiquement l’absence de toute réforme politique à l’avenir. Aucune mesure nouvelle n’est annoncée pour changer les institutions, comme un système ad hoc pour combattre la corruption interne – sinon par un renforcement de la morale, et des sanctions dans les cas graves.

La surprise vient à propos de Taiwan: quittant les pressions d’hier, Jiang Zemin tend la main aux compatriotes, leur offre le vaste hinterland continental pour leurs affaires, agrémenté de 3 thèmes inédits de négociation:

[1] la fin de l’état d’hostilité,

[2] un rôle commercial pour l’île, et

[3] un statut politique mondial. Une condition inévitable – sans doute inacceptable- est posée: que Taiwan reconnaisse faire partie de Chine. Mais, à la mode asiatique, on se comprend et un RV est pris, qui devrait gêner le gouvernement autonomiste de Taiwan, à un mois d’un fort scrutin législatif !

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