· Pour le grand RV du XVI. Congrès, Pékin s’est faite pimpante sous les glaces : drapeaux rouges, et pour des M$ de pub de lumière au faîte des artères, chantant le Parti ou les délégués. Place Tian An Men, des massifs de palmiers luttent avec le froid. Des groupes de vieux camarades arpentent l’espace, infiltrés par des agents en civil. Ailleurs, de nombreux bars et karaokés les dissidents mis au vert, et en cinq jours, 68 gangs ont été démantelés, dit la presse. Autour de Pékin, des corps d’armée se sont déployés en une opération au nom de code expressif: « rivière circulaire ».
« Le XVI. Congrès, ça m’intéresse », dit ce passant, surpris le nez collé au Dazibao, journal affiché dans une grande avenue: « c’est notre avenir»! Ce genre d’opinion positive est commun à Pékin, exprimant la voix des 27% de pensionnés (payés). Il en va tout autrement à Shanghai, où le regard traditionnel se pose avant tout sur l’intérêt matériel : "pour moi, dit ce chômeur, c’est du vent – ce qui m’importe, c’est si le Congrès va me donner des sous, ou un job…".
Vis-à-vis du Congrès, les critiques existent – dans les foyers ou dans les provinces. A Liaoyang dans le Liaoning (ville sinistrée par la fermeture de ses usines d’Etat), 1000 canuts et métallos ont fait une marche contre la corruption, vite dispersée par une police aux aguets. Une manifestation du même type a eu lieu à Changchun (Jilin), menée par 400 ouvriers-brasseurs en faillite.
Ces informations, de toute manière, ne parviennent pas aux oreilles des chinois : la presse, elle aussi, a reçu ses ordres. Rien ne devant altérer la magnificence de la clôture d’un règne : que la fête commence !
Sommaire N° 37