Figé en politique, le programme-testament de Jiang Zemin est innovant en affaires économiques – manifestement résultat d’un compromis, portant la griffe de Zhu Rongji et de son lieutenant Wen Jiabao, afin de réussir à convertir "en grand" la croissance -aujourd’hui limitée à la côte, voire quelques mégalopoles.
Aux objectifs abstraits d’ "affermir la position de l’agriculture comme base de l’économie nationale", ou de "libérer les forces productives", se superposent des projets beaucoup plus concrets tels le renforcement de la sécu sociale– avec couplage des fonds communs et des comptes personnels, l’accélération des investissements vers l’Ouest démuni, et surtout la privatisation des GEE, afin de libérer le pouvoir de la charge de renflouer sans espoir cette moitié de l’économie en faillite. Il est question d’ "établir des organismes chargés de la gestion des biens publics" (structures de défaisance), de "parfaire le système de la personne morale" de manière à rendre vendables les actifs faillis. Jiang Zemin parle même de la libre convertibilité du Yuan, de la rupture des monopoles et de celle des barrières commerciales entre provinces, afin de créer un vrai marché unique – comme le sont ceux de l’Europe ou des US. Il est enfin fait allusion aux investissements à l’étranger, thème très à la mode en Occident : "la stratégie de déploiement des firmes chinoises hors des frontières est d’intérêt capital, dans cette phase nouvelle de l’ouverture… Export de marchandises et de main d’ oeuvre afin de créer de puissantes entreprises transnationales"!
Cette évocation d’une accélération de la mondialisation en Chine est importante, même si elle n’est pas nouvelle: jusqu’à présent, rachats, fusions ou passage en bourse de firmes publiques étaient pratiqués à petite échelle, sous forme d’expérience. Désormais, elles pourront être menées au grand jour, avec la garantie pour leurs auteurs de ne pas être poursuivis : un effet boule de neige est à attendre!
Sommaire N° 37