Les 14-16 octobre, Kofi Annan est venu à Pékin relancer la lutte contre le SIDA. Dans le discours, rien de neuf («si la Chine n’agit pas,elle aura 10M de sidéens en 2010»). Mais qu’un homme de la stature du Secrétaire Général de l’ONU vienne redire ces thèmes, a été bien utile pour convaincre un appareil très figé, de sortir de sa valse hésitation, sur l’urgence d’une guerre tous azimuts à ce fléau.
Cette campagne permit aussi de garder profil bas sur les entretiens à Pékin, sur la brûlante question mondiale: quelle résolution adopter sur l’Iraq? Celle des US, pour une attaque militaire immédiate contre Bagdad? Ou celle de Paris, Moscou et Pékin, voulant offrir une dernière chance à Saddam Hussein? A ce sujet, Kofi Annan rencontra le Président Jiang Zemin, le vice-Président Hu Jintao et le min. Tang Jiaxuan : on n’en sait pas plus!
La Chine préparait aussi, semaine passée, la visite de Jiang au ranch de Bush, à Crawford (Texas) (25/10, avant le sommet de l’APEC (26-27, Los Cabos, Mexique). La rencontre permettra l’intimité (pas de presse, mais un barbecue ‘texan’, du yatching sur le lac du ranch…), occasion unique d’initiatives bilatérales innovantes.
Réactualisée par l’attentat de Bali (12oct,190 morts), la lutte anti-terroriste sera en tête de liste, notamment concernant l’Iraq et la Corée Nord, dont on vient d’apprendre qu’elle poursuit un programme secret nucléaire militaire, en violation des accords « KEDO » de 1994. Bush demandera à Jiang de ne pas faire veto à son texte. Jiang veut un communiqué conjoint et la fin de 13 ans d’embargo sur la coopé militaire … Entre ces exigences, un compromis est possible.
A l’agenda de Crawford figurent aussi les problèmes liés à l’entrée chinoise à l’OMC (les OGM), les droits de l’homme (Ngawang Sangdrol nonne tibétaine de 25 ans, en prison depuis 10 ans, vient d’être libérée) Peu de choses par contre à attendre sur le contrôle des exports d’armes chinoises, et sur le soutien US à Taiwan –chasses gardées mutuelles …
En bref : Crawford marque l’apothéose d’une relation sino-US, et d’une Chine plus confiante en elle, ayant gagné son pari de l’ouverture au monde. Mais quel chemin parcouru depuis 2000, quand G.W. Bush traitait Pékin de «régime confrontationnel», et vivait impuissant, l’arraisonnement de son avion-espion EP3?
Sommaire N° 34