Editorial : editorial_33_2002

Le sommet de Johannesburg (2/9) a surpris, en recevant la ratification chinoise du Protocole de Kyoto,qui devient quasi-exécutable (si Moscou ratifie aussi, comme promis) : 34 pays signataires vont réduire leurs rejets d’oxyde de carbone, et dès 2008, échanger en bourse les parts non utilisées de leurs quotas. Ainsi, leurs industries «vertueuses» (les plus rapides à se mettre aux normes de Kyoto), feront payer leur dépollution par celles en retard !

De ce marché, la Chine est pour l’instant exclue, s’étant refusé, en tant que PVD à tout engagement de limitation. Ce qui ne veut pas dire que le pays reste les bras croisés face à ce marché planétaire. Si Pékin n’est pas prêt (ni en technique boursière ni en technologie environnementale) à adhérer à une bourse mondiale de la dépollution du carbone, cause de l’effet de serre, elle est plus éveillée au principe de la guerre au dioxyde de soufre. Ceci, en raison de l’effet de nuisance régional, directement mesurable – les pluies acides et la mort des arbres. Depuis’95, toute émission de dioxyde de soufre est taxée de 200Y/t, et toute usine est taxée sur ses émissions, et d’un quota sur lequel elle verse en cas de dépassement une autre taxe, variable suivant les régions. Une bourse-test fonctionne entre Shanghai,Tianjin, Liuzhou et 4 provinces depuis mars: HK, Canton et Macao veulent suivre l’exemple… Coordinateur du projet, Zhang Jianyu pense qu’un marché d’échange des quotas de dioxyde de soufre émergera en ’05, et devrait s’élargir à toute l’Asie – avec tout pays riche, voisin, intéressé à monnayer la fin des pluies acides. Le handicap au lancement de ce puissant incitatif à l’industrie propre, reste le même en Chine que pour tout projet alliant finance, provinces et administration: l’absence de cadre légal ferme et de contrôle vérifiable des coupes d’émission, corollaires des droits vendus en bourse…

Reste une longue liste d’incertitudes:

? quelle taxation selon le secteur industriel et le statut (les étrangers craignent de nouvelles discriminations!),

‚ quel volume du marché (en MM$, mais imprévisible),

ƒ quand, et si la Chine rejoindra l’effort global de lutte contre l’effet de serre – et cet autre marché 10 fois plus grand…Autant de questions qui prendront des années à résoudre,avant la mise en place du système. Sur ce thème d’avenir se tiendront à Pékin un séminaire franco-chinois (Ambassade de France/MEF/CASS/CCIFC, le 30/10), et cette semaine (16 -18) le GEF-II, colloque de plus de 1000 experts de 125 pays (UNEP) !

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