Lancée début du mois, la plus forte campagne de censure depuis des lustres, a connu des difficultés. Obligée de la justifier (10/9), Xinhua la décrit comme l’effort pour «empêcher l’ennemi intérieur et (…) extérieur de nuire à la stabilité». Et pour raisons sans doute avant tout techniques, Google, le 1er moteur de recherche frappé, était rouvert après 10 jours – trop de passerelles vers Google s’étaient mises en place !
Hormis cette hyperactivité, l’administration semble léthargique. En révision depuis 1995, la très importante loi des faillites vient d’être retirée de l’agenda de l’ANP, où l’on espérait l’adopter en mars 2003.
C’est que le sujet voit s’affronter le PC (dont les Entreprises d’Etat sont une cruciale source d’influence), les provinces (hostiles à toute perte d’emploi), et de l’économie. Or, de cette procrastination, tout le monde est perdant : la moitié des Entreprises d’Etat ne survivent que sous perfusion des banques leurs actifs se déprécient). 80% de leurs produits sont en surcapacité, aux prix déprimés-même pour les «bonnes» entreprises (l’index CPI a baissé de 0,9% en août). Avec 40% de capital irrécupérable, les banques refusent de prêter sauf à l’Etat (113MM$ en bons du trésor en mai, +12%), l’épargne privée fait de même: les bas de laine dormant en banque, atteignent 967 MM$ – privant ainsi les industries de financement.
En attendant un virage obligé, on vit d’expédients. La CSRC retire la licence en bourse de Tonghai (Jilin) et traduit en justice son management escroc. La SDPC permet aux GEE d’émettre des bons garantis par l’Etat, pour refinancer leur dette étrangère sans passer par les banques.
Cette paralysie frappe aussi la diplomatie– sur le dossier «Irak». Face au risque d’une guerre US à Saddam Hussein, la Chine, qui n’aime pas cette perspective, reste étrangement discrète, par rapport à d’autres tels Russie ou Allemagne (cf l’échange téléphonique poli entre Jiang et Bush, le 6/9). Jiang devant rencontrer Bush en son ranch privé (25/10)… Enfin, la paralysie chinoise semble le coût d’une gestion axée sur le seul critère de la stabilité, dans l’attente du XVI. Congrès !
Sommaire N° 30