Editorial : editorial_30_2002

Les temps changent pour le Tibet, « territoire autonome»de la RPC depuis 1959. Du 9 au 30 /9, Lodi Gyaltsen Gyari et Kelsang Gialtsen, légats n°1 et 2 (à New York et à Bruxelles) du gouvernement en exil, sont à Pékin puis au Toit du monde, en visite privée, disent les autorités. Ils verront sans doute les leaders suprêmes. En juin, Gyalo Thondup – propre frère du Dalai Lama – avait ouvert la voie en allant en Chine: neuf ans de glaciation entre l’église tibétaine et le PCC sont révolus : réclamé depuis 1998 par B. Clinton puis J. Chirac, le dialogue redémarre, et le Tibet revit, selon Gyalo, un moment d’espoir.

Ces événements s’enchaînent sur deux ans de détente ponctuée, en 2002, par la sortie de prison de 6 dissidents tibétains.24.000 cantonniers construisent la ligne ferroviaire Golmud – Lhassa (7MM$) avec un luxe de précautions environnementales. De même, 9,4M$ sont versés en 2002 dans deux nouveaux parcs nationaux de forêts primaires– désormais, 27% du sol tibétain sont légalement protégés. D’ici 2020, l’Etat veut dépenser au Tibet 2,7 MM$, en protection de la faune et de la flore

Effort intense pour préserver la pureté des grands fleuves et d’1,3Mkm² de hauts plateaux à plus de 4000m, «zone régulatrice» et «facteur-clé» du climat de l’hémisphère nord… Mais succédant à des décennies de brimades, cet investissement de longue haleine mérite réflexion. Pékin veut avant tout acheter la réconciliation. La répression entre 1988 et 1998 n’a fait qu’aliéner les prêtres (cf la réincarnation d’un Panchen Lama sans l’aval de Pékin, et la fuite du «Karmapa» en Inde). Or le PCC sait bien que sans le clergé, pas de paix tibétaine…

Les frappes du 11/09 ont aussi joué: avec un Xinjiang trop proche d’Al Qaeda,la Chine devait alléger la pression sur son front Ouest. Mais surtout, le temps est à la paix oecuménique. Dans l’opinion,le Tibet est très en vogue. Chez certains leaders aussi : en novembre 2001, au temple de Bailin (Hebei, cf vdlc 23/VII), Jiang proféra le voeu stupéfiant d’un regain d’influence à toutes les églises, comme antidote aux cultes impies. C’était l’aveu courageux du lourd prix à payer pour la répression de la liberté de religion. C’était aussi une déclinaison originale du principe des «trois représentativités» – le PCC reconnaissant désormais aussi l’église, et le Tibet dans sa dimension spirituelle, comme valeur nationale !

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire