Editorial : Attentats du 11 septembre – quel bilan pour Pékin, un an après?

Un an après les frappes suicidaires aux US du 11/9, opération d’Al Qaeda et Taliban, la Chine fait son bilan.

Au chapitre des Profits, la Chine a marqué des points, par la réponse-éclair de Jiang Zemin qui juste après l’agression s’était rangé derrière les US contre le terrorisme mondial, passant ainsi, dans l’imagerie yankee, du statut de «régime antagoniste rival» à celui d’allié.

La Chine a pu ainsi rétablir avec la puissance trans pacifique des liens complets, qui étaient gelés depuis la guerre du Kosovo, et obtenir pour Jiang, la visite privée du 25/11 à G.W. Bush (cf vdlc 28). Idem, lors du Sommet de la Terre, Zhu Rongji a pu faire accepter par une majorité, la lutte contre les indépendantistes ouighours (Xinjiang) comme une «contribution raisonnable à la paix mondiale» !

Au chapitre Passif, la Chine a dû souffrir l’arrivée de troupes occidentales en Afghanistan et en Asie Centrale, fief depuis 10 ans partagé avec la Russie. Pour la Chine et son OSC (embryon d’union d’Etats-croupion entre Chine et Russie), c’est l’échec, d’autant que depuis, le rapport entre US et Pakistan (allié chinois de toujours) s’est aussi réchauffé. Enfin, les US ont désormais les coudées franches, face à Moscou, pour déployer leur parapluie spatial anti-missiles TMD.

Le 11/9 a aussi révélé la vulnérabilité chinoise en matière de pétrole, seule source d’énergie capable de couvrir ses besoins, en tenant compte de l’impératif écologique. En 2001, elle en importe 60Mt, dont 3/5 du Proche Orient. Dans 28 ans, elle en voudra 8 fois plus (autant que les US), surtout du monde arabe, seul fournisseur possible. Ce qui explique le double jeu chinois, recevant en même temps (pas par hasard) le Secrétaire d’Etat US Richard Armitage, et Ahmed Naji Sabri, ministre de Saddam Hussein.

NB : ce double jeu répond aussi à une sensibilité profonde de la Chine qui, depuis Deng, a éliminé toute inimitié avec des Etats.

Enfin, de ce bilan mitigé, une leçon historique semble se dégager, en forme de proverbe chinois :  sai weng shi ma: «dans l’absolu, le fait que le vieillard de la passe perde son cheval n’est ni bien ni mal» -seule compte la manière dont on gère l’événement. En la matière, la Chine, avec ses 4 millénaires de savoir-faire, est passée maître !

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