Editorial : Beidaihe : la fin d’une guerre de succession

Cette semaine s’ouvre à Beidaihe (Hebei) le sommet estival des 60 grands du régime – dans un secret justifié par l’enjeu, rien moins que renouveler le pouvoir pour la première fois en 12 ans.

Dès 2000, le PCC a voté de remplacer ses vieux leaders en octobre 2002 pour laisser place à une équipe jeune «de la 4ème génération». Mais Jiang Zemin, l’homme à la barre (1er Secrétaire, Président de la République et Président de la CMC) voulait -selon la rumeur- garder la tête de l’APL, et du PCC. De même, Jiang, Li Peng et Zhu Rongji plaçaient leurs poulains dans ce directoire, Zeng Qinghong (futur patron de l’administration), Wu Bangguo et Wen Jiabao (probable futur Premier Ministre). Futur Président voire 1er Secrétaire, fort de sa désignation dès ’89 par Deng  en personne, Hu Jintao était au dessus de la mêlée.

Ces deux ans avaient vu deux tentatives pour maintenir JiangZemin, chef du PCC -chacune contrée par le Politbureau. Dernièrement -cf VdlC n°25-, se sont multipliés les appels provinciaux dans le même but. Aujourd’hui, il se dit que Jiang ne se maintiendra pas – l’équipe des «jeunes leaders» devrait avoir le champ libre pour Ses réformes, face à un Bureau Politique démissionnaire en bloc au nom des intérêts supérieurs de la nation. Jiang négocierait seulement encore son entrée dans l’histoire -d’inscrire son nom dans la constitution, sa théorie des  sange daibiao («trois représentativités »)-quoiqu’elle veuille dire!

En marge de cette guerre de succession se profile un second front non moins acharné, sur une question de fond: comment réconcilier avec les réalités sociologiques modernes, le PCC, seule institution non réformée, délibérément archaïque au nom d’une désormais mythique fidélité à l’héritage maoïste? Depuis 2001, Jiang tente de faire accepter l’entrée des patrons privés, avec leurs 29M de PME générant 1/2 du PNB et 60% des exports. Mais l’aile gauche s’insurge, refusant l’abandon de la lutte des classes, avec Hua Guofeng, l’éphémère successeur de Mao, menaçant de rendre sa carte – suivi de dizaines d’autres vieux grognards

On voit donc les tensions de ce sommet et au delà du changement de cabinet, l’enjeu capital. Il s’agit de redéfinir le PCC pour lui donner une raison d’être à l’avenir. Toute erreur se paiera au prix fort. La plus lourde – ne rien faire- semblant bien vue au sommet, décidé à bouger. Chaque jour plus, dans la presse, un mot magique flashe : démocratie !

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