· A l’heure de fermeture, la caissière fronça les sourcils: son client brandissait un carton débordant de petites coupures qu’il prétendait troquer contre des gros billets…Saisissant le paquet, elle lui intima de repasser plus tard chercher son compte. Au comptage, les ennuis commencèrent: avec délectable horreur, elle réalisa que les «élastiques» liant les liasses, n’étaient autre que des condoms. Le sang du manager ne fit qu’un tour : jamais on n’avait vu une telle profanation du renminbi, la monnaie du peuple, sans parler du manque de respect au personnel. Il eût voulu porter plainte, mais aucune loi n’existait pour réprimer l’entourage obscène de billets. Le règlement de la BPdC réprimant la dégradation de la monnaie, n’était pas recevable. Le directeur trouva pourtant un châtiment exemplaire,en convoquant la presse pour un cliché du corpus delicti, accompagné de l’avertissement: «Quand ce monsieur reviendra, nous espérons qu’il pourra nous fournir une explication»». La dénonciation était faite pour inquiéter, en forme de panma wangong (« faire caracoler son cheval et bander son arc ») : le ‘pékin’ terrorisé, avait peu de chance de venir réclamer ses 1400Y. En bonne logique, c’est le fonds des loisirs du personnel qui en héritera – le compte est bon !
Sommaire N° 25