Editorial : Trois dauphins plutôt qu’un

Alors que les hautes sphères du pouvoir et les media gardent un silence lapidaire sur la préparation de l’équipe destinée à reprendre les rênes, quelques indices sont sortis des récentes «grandes messes» internes du Parti Communiste Chinois.

A Hangzhou (Zhejiang) fin juin, un séminaire national sur l’idéologie rurale a vu apparaître ensemble les trois leaders dits « de la 4ème génération », Zeng Qinghong (63 ans), protégé de Jiang Zemin, Hu Jintao, 59 ans, intronisé dès 1989 par Deng Xiaoping (présumé futur Président de la République et Premier Secrétaire) et Wen Jiabao, pressenti futur Premier Ministre, l’homme de Zhu Rongji.

Lors de cette rencontre rare, Zeng s’est présenté comme le vassal de Hu, appelant à «sérieusement étudier» ses propos -tandis que Hu invitait les cadres paysans à appliquer dans la vie de la ferme la théorie totem de Jiang, dite des  sange daibiao («trois représentativités») …

Le 1er juillet, 81. Anniversaire du PCC, le Quotidien du Peuple enfonçait le clou en appelant les 64M de membres à étudier les sangedaibiao, et à resserrer les rangs autour du 1er Secrétaire, Jiang Zemin.

Ces deux séries de signaux amphigouriques, après décantation, sont éclairantes :

1.  En apparence se confirme la mise en place, annoncée depuis 2001, d’un directoire solidaire, tandis que l’actuel leadership démissionnerait « presque » en bloc – sauf Li Ruihuan qui prendrait la tête de l’ANP, et Jiang, qui conserverait « sa » Commission militaire.

2.  Mais la future troïka se réclame de la théorie de Jiang Zemin. Des dizaines de hauts cadres, dans la presse, le prient de rester à son poste de 1er Secrétaire -ce qui ne laisserait à Hu Jintao qu’un poste creux de Président: avec l’ OMC et Taiwan à gérer, disent ces thuriféraires, la Chine ne pourrait se permettre de se passer de l’expérience du leader sortant. Les media ne font plus que de l’info positive, même à propos des crues (sous évaluées). En renonçant à vendre une part de ses Entreprises d’Etat en bourse, l’administration fait remonter les cours (cf VDLC n°24), laissant ainsi la SS sans moyens – tournant le regard loin de ses problèmes, le pays se fige pour la photo!

3.  Une image permet de réconcilier ces scénarios contradictoires: selon une stratégie maoïste immuable, Jiang installerait au pouvoir trois lieutenants plutôt qu’un : se plaçant en arrière, et au-dessus d’eux pour se faire l’arbitre de leurs querelles inévitables !

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire