Editorial : Ventes d’entreprises publiques – la Chine boursière renâcle

Depuis 18 mois, la bourse rendait une image blafarde, chutant de 33% en 2001 – et de 54% en 2002 (seulement 4MM$ de parts vendues):

Le 20/6, Shenzhen se voyait contrainte de renflouer, pour 240M$ Southern Securities, sa maison de courtage en faillite.

Le printemps revint le 24/6, d’un trait de plume de la CSRC signant la mort du plan de vente de 241MM$ de parts nouvelles sur les Entreprises d’Etat (EE) listées, ce qui aurait augmenté de 50% la capitalisation (aujourd’hui 500MM$) -et fait chuter les cours. L’effet fut foudroyant, à Shanghai comme à Shenzhen. De 3MM$ le 21, les échanges triplèrent le 24, atteignant 10,4 MM$ (record historique), frisant le plafond légal de 10%, en parts «A»(pour chinois), comme en parts «B» (pour étrangers). Pour le petit porteur exubérant, c’était la fin d’années de vaches maigres et pour l’Etat, une corne d’abondance de taxes!

L’envers de la médaille est moins flatteur. L’objectif du plan de juin 2000, consistait à privatiser 25% de son patrimoine industriel coté en bourse -dont il contrôle encore légalement 70%. Après un «gel» du plan en oct2000, la CSRC cède, se justifiant par l’argument qu’au fond, la SS est désormais suffisamment financée par le ministre des finances et les taxes sur les EE cotées à l’étranger : «le plan n’est plus nécessaire»!

Tel n’est pas l’avis général. D’ici 2030, le déficit annuel de la SS atteindra 150MM$/an, sans parler des caisses rurales en cours d’implantation (cf VDLC n°22), aux besoins au moins équivalents. Pour les experts, renoncer à cette action courageuse et lucide, c’est se priver de multiples bénéfices:

[1] assainir la bourse en la libérant de sa fonction de vache à lait pour EE,

[2] faire mûrir (vite) banques et courtages pour résister à la concurrence de l’OMC,

[3] en payant les pensions, permettre aux EE de débaucher par M,

[4] insuffler aux EE initiative et responsabilité face aux actionnaires, et à l’Etat, sa vocation moderne d’arbitre non acteur…

La raison au refus d’obstacle serait politique : à 6 semaines du conclave de Beidaihe qui fixera le prochain pouvoir, mieux vaut une bourse au zénith à court terme, quitte à laisser les décisions difficiles au futur gouvernement. Par contre, la CSRC s’est gardé d’annoncer l’abandon comme définitif. Et pour préparer une reprise en main, la CSRC impose une règle à l’émission de parts nouvelles, qui ferme cette porte à 60 à 70% des EE listées: réservant cette récompenses aux seules firmes profitables !

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