Pol : Jiang Zemin reçu au chapitre

· Cinq ans après le retour de Hong Kong à la mère patrie, la région administrative spéciale (RAS) vit un petit raz-de-marée constitutionnel, qui l’amarre un peu davantage au continent et gomme sa tradition coloniale. Lui-même désigné par Pékin (formellement réélu fin 2001 par un comité local), le chef de l’exécutif Tung Chee Hwa a plus de pouvoirs que jamais, grâce au nouveau système «ministériel» qui lui permet de désigner à sa discrétion (19/6) les 14 Secrétaires d’Etat de la RAS parmi ses amis et patriotes proches de Pékin. Positions qui existaient précédemment, mais cooptées par le jeu administratif et de la carrière, ce qui garantissait un minimum de séparation des pouvoirs. Dans le silence de cette enceinte étouffée par la crise (7,4% de chômage en mai,+0,3% sur 3 mois), une voix s’élève pour refuser cette politisation de l’administration: Anson Chan, la dernière patronne libre des fonctionnaires du «Rocher». Par ailleurs, le remodelage de Hong Kong va se poursuivre dans les deux prochaines années sous la houlette d’Elsie Leung, patronne de la justice, qui va convertir en loi locale l’article 23 de la loi fondamentale de HK (sa mini-constitution octroyée par l’ANP à Pékin), pour permettre de combattre toute présence «politique de l’étranger» et «subversion envers la RPC». En avant-première de cet arsenal à venir, un procès criminel a débuté à HK contre 12 locaux et 4 suisses, membres de la secte Falungong, pour clash contre la police en mars 2002 -à suivre !

· le monastère bouddhiste de Bailin (Hebei) vient de dévoiler une surprenante visite du Président Jiang Zemin en novembre 2001, découverte mutuelle qui se prolongea 1h40 au-delà des 20 min programmées. Jiang osa prédire aux moines un retour en puissance des religions dans la vie sociale,et un soutien public au nom du principe de yi de zhi guo , «gouverner par la vertu». Tout en multipliant les serments d’allégeance à l’athéisme, le Président a signalé son intérêt ancien pour la foi. Dès 1957, il se guérit d’un ulcère stomacal par trois mois de méditations bouddhistes. En conclave restreint avec le chapitre, devant les maîtres, il mania la théologie avec adresse, montrant son avancement dans l’illumination. Il leur produisit sa copie de voyage du Sutra du Diamant, dont il avoua faire lecture nocturne pour combattre l’insomnie-l’alternant avec la Bible et le Coran. Avant de quitter ses nouveaux amis de robe, il leur réitéra sa volonté de «voir le bouddhisme conserver sa pureté, évitant de succomber à la tentation des cultes impies» -ce, «afin de guérir les esprits troublés et maintenir la stabilité de la nation! » NB : cette sympathie manifeste pour les grandes religions, et sa volonté de les remettre à l’honneur en Chine, comme digue naturelle contre le sectarisme, est une originalité absolue de Jiang, par rapport à ses prédécesseurs Mao Zedong et Deng Xiaoping.

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