Editorial : editorial_23_2002

D’immenses efforts de Pékin n’ont pas empêché 2 nord-coréennes de passer (17/6) au consulat, puis deux autres à l’ambassade de Corée/sud (22/6), portant le nombre des réfugiés à 22. A Pékin, le quartier des missions semble un camp retranché, avec ses rues barrées, ses barrières de barbelés, ses hordes de gardes sur le qui-vive, et les bus et trains passés au peigne fin sur les voies d’accès…

La patience de la Chine est à bout – ayant laissé partir 38 transfuges vers la Corée pour se retrouver un mois après dans la même situation! A présent, Pékin "prie" Séoul, et les autres pays de lui remettre les «intrus» dans leurs murs (le Canada en héberge 2). La tension avec la Corée est nette, suite à l’intrusion (13/6) de soldats dans sa mission. Comme 15 jours plus tôt avec le Japon, la Chine justifie l’acte, en affirmant que «les diplomates l’ont demandé», ce que Séoul (et Tokyo) dément. D’autres diplomates cependant n’hésitent plus a affirmer,en privé, que ce trafic de réfugiés, avec la logistique qu’il suppose, est soutenu par Séoul (services secrets et associations «de bienfaisance», qui fourniraient le réseau financier et les logements discrets dans Pékin). Le but serait d’ouvrir les frontières de Corée du Nord, avec un seul résultat possible: comme en Europe de l’Est en 1990, l’effondrement du dernier Etat stalinien au monde.

Déterminé à ne pas céder, Pékin étudierait la faisabilité d’un mur frontalier le long de la Yalu, calqué sur celui bordant le Rio Grande, entre US et Mexico.

Un autre front s’est ouvert, celui du tapis vert. En Thaïlande, le Ministre des Affaires Etrangères Tang Jiaxuan entame (18-19/6) des négociations avec ses collègues nippon Kawaguchi et coréen Choi Sung-hong, avec pour but un accord consulaire, et de rétablir l’harmonie compromise. C’est que les dommages apparaissent dans la presse et au Congrès US, qui (le 19/6) «encourage le gouvernement chinois à honorer ses obligations» concernant les réfugiés – et Pékin soucieux de son image, fait un geste (le 21/6), en laissant s’envoler vers Séoul une des réfugiées, enceinte…

Ainsi se tient ce bras de fer pour la survie de cette Corée anachronique, que Pékin a décidé de garder en vie – pour éviter une guerre civile sanglante à ses portes, comme pour garder contrôle d’une situation en partie suscitée par elle, il y a 50 ans!

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