L’imposition en mars dernier par Washington, d’une surtaxe de 8-30% sur les aciers du monde, (cf VDLC N°10) avait suscité la 1ère plainte chinoise à l’OMC. La Chine avait alors envisagé des rétorsions dans le domaine des graines oléagineuses (OGM), dont les US tiennent un marché de 2MM$ sur son territoire. Aujourd’hui pourtant, Pékin change de fusil sur son épaule, en annonçant une taxe de 24% sur le vieux papier, dont il importait 6,5 Mt (70% des US), volume appelé à franchir 8 Mt en 2002. Pourquoi tel revirement ?
D’abord,
[1] par prudence : l’export de soja en Chine, est un très gros marché pour les US – frapper là, serait ouvrir la porte à une spirale de sanctions. Ensuite,
[2] la Chine a un taux bas de recyclage du papier -10Mt et 27% de sa production, contre 43,7% dans le monde. Or une t. de ce papier de rebut permet l’économie de 3m3 de grume, d’1,2 t de charbon, + 600Kw d’électricité et 100 m3 d’eau : la hausse du prix du papier, va exacerber l’effort de recyclage. Une autre tendance sera le report de l’import vers la pâte à papier – également bonne pour les forêts chinoises
[3] la plupart des usines de pâte à papier sont PME -peu profitables et polluantes : si la sanction se maintient + de 3 mois, bon nombre fermeront, permettant la fusion du secteur -une des stratégies du pouvoir.
C’est ainsi que par cette nouvelle épée de Damoclès, la Chine pense -«tirer d’une seule pierre, quatre pigeons » – le quatrième étant de contraindre à terme, les US à revenir à l’ouverture totale des marchés sidérurgiques !
Sommaire N° 23