«Faire frire» un titre, en chinois boursier, signifie gonfler sa valeur par toutes les formes d’entente entre initiés, tout en retenant sous son contrôle la majorité des parts, afin d’assurer une hausse irrésistible (mais fictive) de leur valeur, tout en aiguisant les appétits des outsiders. Une fois la fraude mure,on revend le tout en quelques heures : l’argent des petits porteurs est le bénéfice des carambouilleurs. Cette fraude vieille comme Hérode (en français:«le coup d’accordéon») passait (11-13/6) pour la 1e fois en Chine devant un tribunal, à Pékin.
Vulgaire usine d’aliment pour poulets, Kangdaer fut relookée en bourse par Lu Liang, ancien chef d’une Cie d’investissement pékinoise, et Zhu Huanliang(ex-patron d’une maison de courtage de Shenzhen) en China Venture Capital, soi-disant start up high tech. Une 100aine d’EE (banques et autres) fournirent du cash. L’entente contrôla ainsi 53% des parts. Des initiés s’échangèrent les parts entre 1500 comptes anonymes, à des prix toujours en hausse- fait que Lu, alias Mister K,claironna dans la presse en des articles dithyrambiques – il avait la plu-me facile, à ses heures romancier et critique d’ art. De fin 1998 à fév 2000, l’action monta de 370%. Le montant de la fraude est établi 700M$.
Il s’agit d’un des plus gros coups à passer en justice, prouvant l’envie du pouvoir d’en finir avec le «casino» boursier, qui passe de moins en moins dans l’opinion. Mais la démonstration n’est pas probante : seul du menu fretin siège au box des accusés, et le risque des 6 inculpés est limité – 3 à 5 ans. Lu et Hu sont en fuite- peut-être, disent les experts, pour éviter de voir la Cour démêler l’écheveau!
NB : Lu et Hu ne sont pas les seuls à s’enfuir de Chine avec une valise de $ sous le bras: sur 3 ans, 52 MM$ ont disparu avec leurs centaines de voleurs – dont seule une poignée est identifiée et extradée, déplore le Procureur suprême, qui sollicite l’aide de l’étranger !
Sommaire N° 22