Editorial : Conséquences multiples d’un accident aérien!

Le 25 mai a plongé Taiwan dans le deuil. A 15:42, à 27000pieds, le B747-200 Taibei – HK de China Air s’est disloqué en 4 parts au large des Pescadores. 225 morts -aucun survivant. Quatre jours après, on ignore les causes, faute des boîtes noires, repérées mais non repêchées. L’on soupçonne la fatigue des structures – l’avion de 22 ans devait être retiré… 

Pour CA, c’est la poursuite d’une série noire – 700 morts, 6 avions perdus en 12 ans: contredisant la modernité de l’île, CA apparaît un des transporteurs les moins sûrs au monde.

En réalité, ce drame est moins lié à la fatalité qu’à l’histoire : Ch. Air reste un de ces dinosaures, legs de l’Etat KMT, perclus de concussions et de népotisme. L’ accident a retardé l’entrée en vigueur d’un accord de code sharing avec Delta (US). L’avenir du groupe n’est pas garanti -surtout intervenant après la dépression asiatique de 1999, et les attentats du 11sept. 2001.

Remarquables auront été les réactions par la suite, de part et d’autre du détroit. En Chine, une compassion sincère s’est ressentie – la Chine sortant elle-même de 2 drames du même type. Mais après les condoléances du Président Jiang, a suivi dans la presse l’inévitable exploitation politique, suggérant discrètement que l’accident n’aurait pas eu lieu, si les liaisons directes entre Chine et Taiwan avaient été rouvertes.

Le Président Chen Shui-bian a répondu à la courtoisie chinoise, en absolvant a priori Pékin de tout soupçon de destruction militaire. Cependant qu’au Yuan Législatif, les députés y allèrent chacun de leur initiative : ðles autonomistes pour exiger la privatisation de CA, et son changement de nom, en Formosa Air (proposition sulfureuse pour la Chine, car remplaçant son propre nom, et par un autre d’origine «colonialiste» portugaise), ðet la droite d’affaires, pour revendiquer, en choeur avec Pékin, la réouverture des liaisons aérienne, maritime et postale…

Il se trouve que des rumeurs de négociations sur ce sujet traînaient depuis plusieurs jours – l’intégration économique étant devenue inévitable – chinoise, asiatique, mondiale. Ports et aéroports de Taibei, Kaohsiung et Keelung, et toute la côte chinoise se préparent à étape forcée. Les instances les plus timides, à Taibei, voient la réouverture pour 2004. Nul doute, la catastrophe du vol CI-611 aura accéléré le processus !

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