«La stabilité et la croissance du pays commence par celles des campagnes…
Le soutien aux paysans est un impératif politique!» Par l’éditorial percutant du Quotidien du Peuple du 9/01, se lit l’inquiétude du régime face à l’érosion du revenu rural, et les incidents sociaux qui se multiplient.
En 2001, ce revenu atteint 2250Y, soit 300²/an. Les dettes des villages atteignent 11 MM², les contraignant aux taxes illégales pour payer les salaires. En moyenne, ces taxes atteignent 50 ²/an: insupportable, pour des foyers proches de l’indigence!
La courbe de la croissance s’est brisée en 1995: pourquoi? La sécheresse montante a joué son rôle, mais paradoxalement, c’est une mesure abolie 20 ans plus tôt qui a fini par ruiner le paysannat : prônée par Mao dans les années ’60 et ’70, l’absence de planning familial, a causé 200M de bouches supplémentaires, aujourd’hui adultes. Ils sont 800M de ruraux en lutte pour 150M de jobs, et l’OMC va réduire le chiffre à 50M d’ici 2010. Autre effet perverse : la Chine produit trop, causant l’effondrement des cours, et le spectacle en toute ville, de milliers de jeunes aux joues briquées, tenant en main le carton calligraphié de leur demande d’emploi.
Appliquées depuis 1999, deux mesures lucides de Zhu Rongji ont jusqu’à présent échoué :
[1] testée un an dans l’Anhui, la suppression des taxes illégales, faute des crédits centraux pour compenser les mairies, et faute de pouvoir les contraindre à dégraisser leur personnel pléthorique.
[2] la création d’emplois nouveaux dans les petites villes plafonne, et coûte 1/3 de plus que 5 ans plus tôt !
A présent, Pékin n’a d’autre choix que de mettre l’appareil, à tous les niveaux, face à ses responsabilités, par presse interposée. Le pouvoir sait (cf conférence du Comité Central sur «le travail de l’agriculture en 2002 », 6-7/01) qu’il faudra continuer à appliquer les remèdes de Zhu, enrichir et urbaniser le paysan : face au fléau de la surpopulation, il n’y a pas d’alternative !
Sommaire N° 2