· Au fond des forêts montagneuses de Mongolie Intérieure, les Ewenki d’Aoluguya se nourrissaient de la chasse et de l’élevage du cerf. Comme chez les indiens d’Amérique, l’écorce de bouleau fut de tous leurs voyages, drapant leurs canoës de leur vivant et leurs linceuls suspendus aux hêtres, une fois la mort venue. Basée sur le lait et la viande séchée des rennes, les chants folklorique et un culte chamaniste des ours, une telle micro-culture ne pouvait que mourir face à la civilisation : au fil des ans, leur territoire de chasse déclina en peau de chagrin. Ils se replièrent sur l’élevage. Puis chassés par le défrichage, ils errèrent à travers les monts Hinggan, pour échouer dans des zones inondables et infestées de moustiques. Finalement, l’Etat leur a donné une secourable mais pitoyable nouvelle place: d’ici l’automne, ces derniers des Mohicans chinois auront troqué leurs yourtes de cuir pour des huttes de brique, et pour le son de la CCTV, les chants des alouettes et des passereaux.
Sommaire N° 19