Editorial : editorial_18_2002

«Si le PC ne parvient pas à rallier la jeunesse, il n’aura pas d’avenir» : par cet avertissement, Jiang Zemin, Secrétaire Général du PCC en fin de mandat, s’est adressé aux jeunes chi-nois, lors du 80. Anniversaire de la LJC. De façon insolite, le ton du discours rappelle un homme dont il n’est pas proche, Zhao Ziyang : en mai 1989, s’adressant à une jeunesse en pleine effervescence, Zhao avait définitivement mis le pays sur les rails du printemps de Pékin. L’appel de Jiang révèle à la fois sa lucidité sur la plus profonde crise d’identité du PCC dans son histoire, et les limites conservatrices qu’il place au droit d’initiative des jeunes: «hors de la direction du PC,les aspirations de la jeunesse ne peuvent être efficaces ».

Pour définir le PCC, Jiang poursuit depuis 1999 sa campagne des  sangedaibiao, «trois représentatitivés», destinée à intégrer à la vaste machine les entrepreneurs privés (VDLC n°17). Mais d’autres propositions de réforme se discutent à travers le pays. L’économiste Cao Siyuan publie la semaine dernière un manifeste osé -probablement soutenu par des M de cadres. Selon lui,pour effacer les erreurs du passé et représenter tous les chinois, le Parti devrait être rebaptisé socialiste. Il devrait se plier à des élections internes, et à la concurrence des 8 mini-partis (croupions) de Chine. Cao propose la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et de supervision, et l’obligation pour le PCC de trouver son financement à l’avenir, ailleurs que dans la caisse publique… C’est la démocratie en cours accéléré, dont la nouvelle gauche rêve !

De telles idées sont dans l’air du temps : un quotidien de HK fait justement savoir (15/5) que les Secrétaires du Parti à Pékin et Shanghai vont être renouvelés par scrutin interne. Six autres provinces-clé suivront avant juin, dont le Guangdong. C’est un tournant, car les Secrétaires du Guangdong (Li Changchun), de Pékin (Jia Qinglin) et de Shanghai (Huang Ju) sont protégés de Jiang. Ce scrutin sera le témoin de la volonté de modernisation.

NB : ailleurs, dans les provinces de l’intérieur, de tels votes ont eu lieu, nommant des chefs du Parti plus jeunes (sur leur cinquantaine), sans tâches, et légitimes. On est encore loin d’une réforme politique -mais la démarche révèle la demande imprescriptible d’une mue du système, et l’écoute du pouvoir!

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