Editorial : Avant le 16. Congrès, les deux mouvances rivales :

Les préparatifs du 16.Congrès du PCC vont bon train, RV capital d’octobre,qui rajeunira le leadership et son idéologie. En décembre, une étude de la CASS (et de son Président Li Tieying) a dénombré en Chine non plus 2,mais 10 classes sociales,dont le rapport n’était plus la lutte, mais la croissance. Au faîte de la pyramide, les 2,1% de hauts cadres. En bas, les 3,1% (sic!) de chômeurs/saisonniers. Au centre, 44% de paysans et surtout, petits entrepreneurs et businessmen, «auprès desquels le PCC est souvent plus présent» – d’où, avouée par la CASS, la rancoeur grondante des oubliés.

Deux comités préparent le Congrès : l’un pour désigner les 300 membres du Comité Central (CC), l’autre pour épousseter la pensée communiste – il rédigera le discours-chant du cygne du Président Jiang Zemin autour de sa campagne des san ge daibiao (trois représentativités), faite pour rallier au PCC les patrons privés. Cet effort théorique qui semble d’un autre âge, dévoile l’importance aujourd’hui encore des affaires de dogme, afin de justifier les orientations futures – la réforme politique. A ce stade, on a la surprise du retour des intellectuels, qui inspirent à présent le pouvoir, et le tirent dans des tendances différentes.

Depuis 20 ans la théorie dominante, le néolibéralisme d’origine anglo-US, ne jure que par la vente des actifs publics, le dégraissage de l’administration et la propriété privée. Mais alors que se creuse le fossé entre riches/pauvres (NB : comme pour cacher cette inquiétante fracture, la CASS définit ses 10 classes d’abord selon le critère d’adhésion au PCC, puis selon leur prospérité), une nouvelle gauche hétérogène, rassemblant post-maoïstes et démocrates, revendique réduction des inégalités, protection sociale et intervention sur le marché. Selon elle, le renforcement des droits de l’h. ne serait pas un luxe d’avenir, mais un besoin immédiat.

Les deux lignes s’accordent pour rejeter le socialisme. La nouvelle gau-che veut corriger les déséquilibres du système. S’inscrivant en faux contre l’affirmation néo-libérale, selon laquelle la démocratie (cf exemple russe) serait porteuse d’implosion sociale, la nouvelle gauche en fait le garant de la stabilité – en éclairant les zones d’ombre où fleurit l’arbitraire, et en enrayant la corruption

Conclusion : ensemble, ces deux écoles orchestrent un retour d’un brûlant débat d’idées, au sein de l’appareil, et dans la rue, après 12 ans de hiatus post Tian An Men: c’est la fin du monolithisme !

 

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