Après 2 ans de programme national de rattrapage de l’Ouest, quel bilan tirer?
Côté étranger, quelques beaux résultats sont là, tel le groupe Messer (RFA), qui y a installé 6 usines d’équipements gaziers pour 87M$, 49% de son investissement en Chine. Ondéo (Fr.) a repris pour 30 ans (26/4) l’approvisionnement en eau de 450.000 hts de Chongqing, distribution comprise, moyennant 150M² pour renforcer 2 usines de traitement de 275.000 à 375.000 m3/j.
Côté Chine, la Sté du Barrage des 3 Gorges ouvre 120M$ de son capital à des investisseurs privilégiés (Huaneng vient de prendre 3%, pour 30M$), puis 600M$ en bourse de Shanghai, puis (du moins en rêve-t-elle) en bourse de New York.
Il faut dire que l’effort de l’Etat atteint aujourd’hui son pic, ayant dépensé en 2001 dans l’Ouest 46% de son budget routier et 24% de plus qu’en 2000. A Chongqing, ville-clé (appelée à devenir le pôle de développement et "hub" de l’intérieur chinois), Pékin investira pas moins de 200MM$ en 10 ans, autant que sur Shanghai dans les années 1990. Ce budget pharaonique est censé nettoyer la ville, l’équiper, la vider de M de migrants – créer les conditions pour attirer l’étranger.
Mais comme partout au monde, l’argent seul ne suffit pas à moderniser les régions en retard : il faut aussi du temps, du consensus,de l’éducation. Déversé en masses, l’argent disparaît, tonneau des Danaïdes. Lu Wanli, boss des transports du Guizhou, a fui après avoir, en 5 ans, siphonné 486 M$ via 10 sociétés de paille. Depuis 1996, le Guizhou a reçu 2MM$ d’aides au transport – dont une bonne part disparu.
Face à ce malaise, l’administration locale pratique la méthode Coué. Des villes tentent de séduire les patrons étrangers -cf. la 10ème Foire aux Investissements de Lanzhou (Gansu, 26-30 /8). Ces derniers préfèrent attendre. Cela dit, qu’on se rappelle, 20 ans avant, ces mêmes doutes valaient pour la Chine entière (cf notre titre). Le fait qu’ils ne concernent aujourd’hui que l’Ouest, nouvelle frontière, montre les progrès accomplis, et l’avenir!
Sommaire N° 16