Editorial : 1er mai – Pékin s’attaque au chômage

Semaine douce du 1erMai, fériée, comme deux autres semaines chaque an depuis 2000, progrès social et aiguillon du commerce.

Les métropoles avalent des flots de provinciaux (emplissant 65 à 90% des hôtels),  Pékin-aéroport bat son record – 110.000 départs le 27/4.

Socialisme oblige, Pékin décore ses masses laborieuses (cf rubrique politique), annonce (28/4) la fin des contrats « vif ou mort» – qui dégageait jusqu’alors la firme de toute responsabilité en cas d’accident du travail.

Messe ouvriériste donc, mais sous son apparente bonhomie, la Chine ne cache pas son souci : le spectre des manifestations du chômage hante depuis mars, des mises à pied de Liaoyang (Liaoning) et Daqing (Heilongjiang). Wang Dongjin, vice-ministre du travail, voit venir le triplement des chômeurs d’ici 2005, à 20M. Il s’agit d’un «chômage structurel», dû à un «sérieux excédent de demandeurs d’emplois, cumulé à une vague sans précédent de nouveaux arrivants». La capacité de réemploi des chômeurs baisse, du fait de leur bas niveau de formation et de leur âge. Avec l’entrée à l’OMC, vont  se multiplier débauchages et conflits, et se creuser les écarts entre riches et pauvres.

Pour éteindre la mèche, Zhu Rongji a convoqué pour plus tard dans l’année une conférence nationale, pratique banale en ce genre de situation, mais cette fois, d’une ampleur exceptionnelle. Il devrait s’agir d’ «Etats généraux du travail», faisant appel à toutes les imaginations (y-compris universitaires) et forces (même privées),  sérieusement préparée par 8 missions d’enquête à travers les provinces. Au plan financier, les crédits vont suivre, avec pour priorité, des stratégies de réemplois pour quinquagénaires. Shanghai est le ban d’essai : en 2002, 21.000 postes seront créés surtout féminins (groupe vulnérable), gardiennes, nettoyeuses ou jardinières, dont la moitié du salaire à charge de la ville.

Wen Jiabao, futur 1er ministre pressenti, pense pouvoir créer 45M de jobs dans les services d’ici 2005 (+4%/an) :

voie naturelle pour accueillir les néo-diplômés. L’Etat ne se fait pas d’illusion – les années à venir seront tendues. D’autant que les chiffres publics sont trop bas : les experts disent le chômage urbain plus près de 10% de la pop. active, que des 3,6% officiels. Autrement dit, les 20M de sans-emploi attendus en 2005, seraient déjà atteints – sans compter les 150M de paysans sans terre!

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