Le Président Jiang s‘est envolé (8-21/4) vers RFA, Lybie, Nigeria, Tunisie, Iran. A un pays près (la RFA), cette liste a un fil rouge, l’Islam, également visible dans la visite de Zhu Rongji en Turquie, Egypte et Kenya (15/4)!
Les 6 jours de Jiang entre Berlin, Wolfsburg (fief du géant VW) et autres lieux, ont connu une ambiance mitigée, entre la cordialité d’un cabinet Schroeder roulant pour ses contrats espérés (Maglev Pékin-Shanghai), et la mauvaise humeur de la presse – à l’écart, sur demande du visiteur. La visite a permis de signer 2 accords sur les échanges éducatifs/culturels. Jiang a aussi réitéré son soutien à la quête de Berlin pour un siège permanent au Conseil de Sécurité.
Pour pénétrer le sens de cette tournée, il faut la rapprocher de la réception d’une chaleur insolite, réservée 8 jours avant au Commissaire européen Chris Patten, faisant table rase des années de négativité. Par sa visite, Jiang entend opérer un recentrage des priorités de la Chine vers l’Union Européenne. Le leadership ostensiblement détourne son regard du pays qui l’ occupe presque exclusivement depuis 15 mois – les US de G.W. Bush.
Manière élégante de ne pas réagir aux piques du Président US,
[1] à son lapsus lui ayant fait parler de Taiwan comme d’une « République de Chine« ,
[2] aux exercices militaires aux Philippines (22/4-6/5) avec 10 pays, Chine exclue, et
[3] à son affirmation (8/4) d’être prêt à « tout ce qu’il faut » pour défendre Taiwan. Le message de Jiang pourrait être: « avec les US, la Chine est condamnée à s’entendre – mais pas à les suivre ».
Ce voeu de contrebalancer le poids croissant des US, résonne comme un testament diplomatique, dans cet avant-dernier grand voyage présidentiel.
La visite en Lybie et en Iran, « Etats voyoux« pour Washington, marque cette volonté de démarquage. Au colonel Khaddafi, Jiang n’a pas craint de dire que les US avaient «pu bombarder ses maisons, mais non les valeurs et principes de la Lybie». Pékin veut tout faire pour stopper les USA d’attaquer l’Irak de Saddam Hussein ou tout autre pays décrété par Bush comme chaînon de l' »axe du mal« . Il se trouve que Schroeder, en RFA, pense de même, et lance à Berlin, avec Jiang ET Vladimir Poutine à ses côtés (8/4), un plan de paix entre Palestine et Israël (ce dernier, soutenu par Bush): cela fait beaucoup de coïncidences, et des fissures nettes dans l’alliance mondiale anti-terroriste!
Sommaire N° 14