A Liaoyang (Liaoning) depuis 2 semaines, 10 à 30.000 ouvriers chaque jour, non découragés par l’interpellation (17/3) de Yao Fuxin, leur «négociateur élu»: ce sont les «salariés» de 22 Entreprises d’Etat menés par ceux de la «Ferroalliage», en faillite depuis novembre.
Les revendications sont variées :
¬ impayés parfois depuis 1999, ils réclament leurs pensions ou leurs salaires. Ici, les mots de «production» et de «travail» n’ont plus grand sens: 80% des gens sont congédiés ou xiagang (sous employés).
D’autres veulent la démission du député ou bien
® un syndicat libre, interdit en Chine.
C’est ici que s’éteint la patience de l’Etat: le 20/3, des centaines de P.A.P. sont déployés,4 délégués arrêtés. Croyant à l’action de syndicalistes en exil comme Han Dongfang, Pékin opte pour la fermeté !
Même bras de fer à Daqing (Heilongjiang), 2,4 M d’âmes, capitale pétrolière, hier l’orgueil de l’industrie socialiste, aujourd’hui contrainte à débaucher des 10aines de milliers. Face au QG de la Daqing Petroleum, tous les jours depuis le 1er mars, jusqu’à 50.000 chômeurs se rassemblent pour réclamer, conformément aux promesses, 500$ /an d’ancienneté, et 120 $ de pension/mois. Daqing a bien payé des indemnités : dans un cas, 17000$ pour 6 ans. Mais les ouvriers ne sont pas préparés à se retrouver ainsi «seuls au monde», sans pension, chauffage ni Sécurité Sociale. De plus, à Daqing comme à Liaoyang, on accuse la corruption … à raison, sans doute. Mais le vrai problème remonte à plus loin. Les EE, surtout du Nord-Est, n’ont jamais été rentables – leur but était d’ancrer cette région neuve à la patrie, face au risque d’agression soviétique. A Daqing, le pétrole a été exploité trop vite: une part du gisement (bitumineux, sablonneux) est perdu, faute d’un savoir-faire sophistiqué et d’une exploitation prudente à l’origine.
Cette année, l’Etat veut dépenser 10 MM$ en pensions, +28% : il intervient de plus en plus à la place des provinces, et cherche à éviter, par arrestations préventives, négociations permanentes et paiements ciblés, une série d’explosions sociales simultanées.
Daqing et Liaoyang semblent révéler les limites de la démarche. Pas par hasard, le Liaoning a été choisi comme terrain d’une expérience pilote d’établissement d’un régime de SS complet sous 3 ans (cf VDLC n°10). La question étant: où trouver l’argent, dans cette friche industrielle, pour assister cette société entière sinistrée.
Sommaire N° 11