Editorial : Nominations : la valse des héritiers

Début décembre, la chute de Xu Kuangdi, le populaire maire de Shanghai et l’auteur de sa métamorphose des années ’90, a frappé par la faiblesse du motif – la limite d’âge, à 64 ans. Xu devait sa place à Zhu Rongji. Son successeur, Chen Liangyu, appartient à la mouvance de Jiang Zemin, comme Huang Ju, Secrétaire municipal du PCC , avec qui Xu ne faisait pas bon ménage.

Xu n’est pas le seul à perdre sa place: depuis automne, les postes en province volent au vent des mutations. Il s’agit de placer, avant le 16.Congrès (oct. 2002) les fils de hauts cadres,  ceux du  taizibang (gang des petits princes). Jiang veut aussi installer une administration qui lui reste fidèle, même après sa « retraite » et l’entrée en fonction (mars 2003) d’une nouvelle équipe dirigeante. On sait déjà que le prochain Secrétaire à Shanghai, remplaçant Huang Ju (promu), sera un « homme de Jiang » – peut-être Mme Chen Zili, min. de l’éducation. Le nouveau Secrétaire à Shenzhen ne fait aucun doute : mme Huang Liman, autre lieutenant de Jiang, qui semble marquer des points, dans cette course au pouvoir de demain!

Mais l’opération a ses limites. Les parachutages en province sont une chose, ceux au sommet, une autre. Pour le futur Politburo, se presse la « squadra » de Zhu comme Dai Xianglong, mme Wu Yi ou Lou Jiwei. Plus frappant encore, on voit l’émergence de toujours plus de francs tireurs et champions des provinces. Fin sept., le Comité Central  n’a pas pu départager les 52 candidats en lice – Pékin en attendait 25. Pire, les hommes de Jiang, Zeng Qinghong, Wu Bangguo, Jia Qinglin et Li Changchun, puissants mais peu aimés obtinrent des scores décourageants, surtout auprès des électeurs provinciaux (les 3/4 des voix). Il fallut dépêcher dans les provinces des «groupes de travail spéciaux» pour établir la discipline du Parti. Mission (probablement) accomplie,mais à quel prix? Ce qui est sûr, est que Pékin a eu du mal à s’imposer, et que sa ligne n’est pas, loin de là, alignée sur celle de Jiang. Et la question de fond demeure, du prix à payer pour la non-réforme politique. Désherber aujourd’hui le pouvoir de demain, fait que le futur n°1 (Hu Jintao) n’aura pas les mains libres. C’est la faiblesse fondamentale du système, notée dès 1979 par Kissinger: son incapacité à régler sa propre succession !

 

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