Le 1er janvier, la Chine a vu les 1ers clients des banques, les mains pleines de liasses d’²uros flambants neufs. Mais peut-être plus qu’ailleurs, l’accueil est enthousiaste.
Pour des raisons d’abord historiques: la RPC plaide depuis Mao pour un monde multipolaire et pour une Europe -contrepoids des USA. L’²uro est la traduction monétaire de ce rêve.
Au plan financier, Wang Yuanlong, expert à l’IFI, institut de finance internationale à la Banque de Chine (BdC), a vite compris les avantages: «l’²uro aura un impact significatif et profond sur la croissance chinoise»!
La Chine va rééquilibrer ses placements en devises – qui dépasseraient depuis octobre les 200 milliards de $. Elle attend une relance de ses export, du fait d’un coup de fouet à l’économie du Vieux continent, et du transfert vers son territoire de nombreux secteurs industriels d’Europe. Elle profitera autant ou plus que d’autres des 5% de gain du à la disparition des commissions de change et de paperasserie: elle renforcera ses bases portuaires et bancaires pour couvrir d’un seul point les 12 pays ²uropéens. La Chine attend aussi des investissements européens plus forts et à long terme, dans ses secteurs prioritaires comme agriculture, énergie ou communications.
La Chine ne se cache pas les aspects négatifs de l’²uro : ses PME (structure dominante) auront du mal à financer le passage à la nouvelle règle du jeu, et à se maintenir dans la course technologique. Lucide, Pékin dénonce sa vieille tendance à exploiter la segmentation des marchés nationaux européens pour y imposer tour à tour les prix les plus lucratifs et le dumping, qui lui permet d’éliminer la concurrence par des prix non rémunérateurs ou simplement par « mauvaise coordination » (anarchie) entre producteurs chinois : « ces temps-là sont révolus », avertit l’IFI. Avec une aide de l’Etat et de l’UE, pour former le marché chinois à la nouvelle donne, la Chine industrielle veut atteindre la maturité !
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