En cette rentrée du chunjie (nouvel an), des milliers d’affiches fleurissent aux poteaux près des gares:
, zhao gong ("on embauche"). Emises par des agences pour l’emploi (à 90% pirates), elles guettent les M de ruraux naïfs débarquant en ville avec qq sous en poche, en quête de job. Chassée par les tempêtes de neige du Xinjiang ou de Mongolie, ou par la chute des cours du riz, la masse des migrants est plus dense que d’ordinaire. Au Guangdong, des centaines de milliers se sont ajoutés aux 5M de la population flottante habituelle.
La province affronte une contradiction insoluble: il lui faut mettre au chaud 1M d’emplois pour ses chômeurs et impétrants, préserver son taux d’emploi de 80%. Mais elle doit aussi penser à sa compétitivité et compresser ses coûts salariaux… Elle a donc interdit (cote mal taillée) l’embauche de «tout nouveau venu, durant février». Stratégie qui ambitionne aussi, par attrition du marché, de forcer les patrons à respecter les lois: dans ce vivier, moult sont les plongeurs en cuisine, ouvriers ou cousettes qui oeuvrent sans contrat, sécu, congés ni heures supplémentaires, outrageusement mal payés.
Cependant, cette mesure bouchonnée au crin de la rhétorique socialiste, est contournable: on ne peut mettre des inspecteurs partout… Les 250000 paysans qui débarquent par jour en gare de Canton, tendent à bout de bras le carton portant leur nom et compétences – et 120.000 étudiants de la province (x2 de 1997) savent bien qu’1/3 d’entre eux,après diplôme en 2003 ou 2004, auront du mal à trouver emploi !
Sommaire N° 5