A la loupe : Un ennemi public -la fraude comptable

Devant l’Institut national de comptabilité (29 octobre 2001), Zhu Rongji n’a pas mâché ses mots, dénonçant la comptabilité truquée, "cancer" susceptible de "faire chuter l’économie nationale". Dans la même logique, le Ministère des Finances a annoncé (13/11) le retrait de leur certification aux comptables qui échoueront à une inspection annuelle.

La mesure tente de redresser 2 des 3 faiblesses du métier, à commencer par l’incompétence. 48% des 54.000 experts-comptables chinois, à 50 ans passés, gardent leur formation à l’école soviétique, et leurs tics comptables d’économie planifiée, tendant à embellir les chiffres. Le passage à l’économie de marché n’a rien arrangé : pour obtenir leurs contrats, les cabinets d’audit vivent la tentation de "fournir le produit demandé par le client" – des bilans retouché pour accéder en bourse, payer moins d’impôts, éviter contrôle fiscal voire sanction. Pour l’exercice ‘2000, révèle une enquête du Ministère, 98,7% des firmes présentaient des déclarations entachées d’irrégularités. Cette année, le ministère a sanctionné au moins 25 cabinets comptables pour manipulation de comptes de Cies listées, tel Zhongtianqin, qui a inventé pour Guangxia 90M$ de profits fictifs (cf VDLC 30/VI). Pour Zhu, ce genre de fraude ne fait pas que menacer la bourse, mais conduit aussi le Conseil d’Etat à "prendre les décisions erronées".

Autre problème, la méthode d’expertise utilisée en Chine diffère des pratiques internationales. Résultat, les négociations de JV achoppent sur l’évaluation des actifs de la partie chinoise, au prix d’une inévitable perte en transferts technologiques et financiers. Le désordre du secteur crée de belles chances aux cabinets occidentaux, d’écrémer le meilleur personnel, et le marché: la raison sans doute, pour laquelle Pékin tarde permettre les cabinets étrangers en pleine propriété!

 

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