Petit Peuple : les pères se louent au jour

· Dans les villes-HLM, royaumes de toujours plus d’enfant unique, on travaille dur, et le soir venu, entre parents et môme, on ne cause guère. A Taihe, banlieue de Shanghai, un garçonnet de sept ans -appelons-le Benben-, émerveille à juste titre la communauté journalistique et psychologique, par la solution géniale qu’il a trouvée à ce problème existentiel. En six mois, son père n’avait pas échangé avec lui un traître instant de complicité, vidé qu’il était de son turbin sous-payé 7 jours /7,12heures/jour. Un soir, l’air de rien, «Combien tu gagnes ?», demanda-t-il. «30 yuans», répliqua las le chef de famille, avant de retomber dans sa léthargie devant l’étrange lucarne. Le mois suivant,  xiaoniao yiren (le "moineau qui se pose sur l’épaule -enfant attention-né"), Benben réveilla l’auteur de ses jours, lui tendant 30 yuans accompagnés de ce contrat insolite et rédhibitoire: «Papa, 30Y – je te loue la journée, on va au parc, d’accord?». Pendant ces semaines, en guise de sandwich, il s’était nourri au pain sec pour réunir 40 yuans, à savoir 30 de salaire du père, et 10 pour le billet du parc, et les attractions. Ayant saisi, avec le sens aigu de l’enfance, la carence de leur univers, Benben n’avait pas hésité à lancer cette bombe, qui décomposa et recomposa le père, le fils et leurs rapports. Depuis, chaque samedi, père et fils, main dans la main, s’en vont au parc.

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