La prise de Kaboul par l’Alliance du Nord (13 novembre 2001) a activé une diplomatie chinoise déjà dynamique. Comme tous les voisins de l’Afghanistan, la Chine craint une vacance du pouvoir qui mettrait à mal la stabilité régionale.
Ses intérêts sont triples:
[1] D’abord, détruire à la racine le fondamentalisme islamique exporté d’Afghanistan en Chine. Pour ce faire, Qian Qichen, vice 1er ministre, a beau jeu d’annoncer (11/9) à Mary Robinson, « Mme Droits de l’Homme » à l’ONU, que 1.000 Ouighours ont été entraînés dans les camps d’Al Qaïda : la répression accrue sur le Xinjiang (2.500 arrestations en 2 mois, et 4 condamnés à mort le 10/11) s’intègre dans la lutte anti-terroriste mondiale!
[2] La Chine se soucie du vide de pouvoir à Kaboul, et d’un risque de voir US et/ou Russie (dont les relations s’améliorent) le combler à leur profit, faisant passer le pays sous leur influence. Le pire scénario serait un stationnement des troupes d’un -ou des deux- en Asie centrale, «l’arrière-cour» de la Chine.
[3] Enfin, Pékin a besoin de calme en Asie centrale pour des raisons de sécurité énergétique, et pour que fonctionne son X. Plan (01-05) de rééquilibrage de l’Ouest chinois, dans lequel il investit -en vain pour l’instant- des MM$. A présent, 64% de ses imports de pétrole viennent du Proche Orient. A l’avenir, le pays pense rééquilibrer cette dépendance, en accédant (par un réseau futur de pipelines) aux champs d’Or noir d’Asie Centrale. Ce qui ne se conçoit que dans un climat de stabilité à long terme.
Sommaire N° 38