· Pas plus que les paysans (cf VDLC 37/VI), les entrepreneurs chinois ne se sentent prêts à l’OMC. Selon un sondage commandé par le Conseil d’Etat, ils ne sont que 3,2%, les cadres privés à justifier d’une connaissance solide des principes de l’OMC, et 20% admettent n’en connaître peu ou rien. «Le problème n°1 de l’OMC, alerte Zhang Ruimin, PDG de Haier ce n’est pas l’entrée elle-même, mais l’ignorance par beaucoup de compagnies des défis à affronter». A la veille de la ratification, les textes des règles ne sont pas rendus publics, "dans l’attente (dit le MOFTEC) d’une traduction faisant foi" -provoquant l’impatience d’industriels, d’universitaires et de cadres. Autre souci de nombreux groupes, marchés chinois et banques faibles en capitaux freinent la levée de fonds nécessaire aux entreprises pour être compétitives à temps, face à aux étrangers dotés de systèmes financiers plus sophistiqués. Mal nécessaire, selon un chercheur de la SDPC, pour qui «seule une force extérieure peut faire avancer les réformes de l’Etat».
· Un secteur sans d’états d’âme, c’est le textile. La disparition des accords multifibres (2005) va éliminer les quotas à l’export chinois, remplacés jusqu’en 2008 par des clauses de sauvegarde dans les régions importatrices -qui expireront en 2008. Entre 1995 et ’99, la restructuration du secteur a coûté 3,2M d’emplois, envoyé à la casse 9,7M de navettes entre 1998 et 2000, mais à ce prix, les pertes cumulées de 543M$ en 1999, se sont métamorphosées en profits de 3,4MM$ en 2000 – la Chine devient le tailleur du monde. Déjà en ‘2000, la Chine a exporté pour 36,1MM$ de vêtements (50 fois plus qu’en 1978), totalisant 17% des exports mondiaux d’habillement. D’ici dix ans, prédit la Banque Mondiale, les ventes chinoises à l’extérieur vont monter de 375%, s’emparant de 50% des exports globaux. Et les faibles coûts en main-d’oeuvre assureront pour des années son avantage compétitif. Seul nuage à l’horizon rose, l’utilisation par les pays occidentaux de «barrières commerciales vertes» pour endiguer le torrent textile chinois : fin octobre 2001 en Europe, 300.000 blousons chinois ont été retournés à l’envoyeur par les douanes, pour cause de métal dans les fermetures éclair, non conformes aux normes "CE". Préconisée par les experts chinois, la double parade consistera à rehausser les normes chinoises, et de «porter plainte pour discrimination, comme d’autres PVD».
Sommaire N° 38