A Doha, la 4ème Conférence des ministres de l’OMC a reçu en son sein la Chine comme 143ème membre, les 10 novembre 2001 (vote/signature). L’adhésion sera effective 30 jours après (10 décembre). Pékin touche au but, donc, mais US, UE, même les Chinois estiment exclu que la Chine puisse immédiatement tenir tout son contrat. Ce n’est pas faute, pour elle, d’avoir «mis le paquet», mais un tel passage d’une économie d’Etat, à une mondialisée, ne se fait pas en un jour. Ainsi, le MOFTEC a déjà fait passer à la trappe 300 règlements discriminatoires (sur 700), et s’est doté de trois divisions ad hoc : «affaires OMC » (pour négociations futures!), «notification» et «contentieux». Par contre, ses procédures de règlements de litiges ne sont pas prêtes. Ainsi, le super ministère a publié (8/11) le cadre permettant aux firmes étrangères d’entrer en bourse (parts «A» et «B»), mais non celui pour l’ouverture de fonds d’investissement en JV – alors que 12 groupes financiers mondiaux, au moins, piétinent aux portes pour venir placer leur argent…
L’OMC a vu la décision (6/11) par l’ASEAN (10 pays d’Asie du Sud-Est) + la Chine, de convertir d’ici 2010 leurs territoires en union douanière, intégrant un PIB de 2.000 MM$ et des marchés d’1,7MM d’habitants. D’ici 12 mois, les 11 veulent fixer le contrat et rallier Japon et Corée – qui sont tièdes, voyant en la Chine un concurrent plus qu’un partenaire. C’est que l’initiative est chinoise, signée Zhu Rongji. A la barre d’un pays en bonne santé, Zhu pouvait rassurer, comme un grand frère au sein d’une grande famille: «la Chine ne fait pas cela pour augmenter ses exports. Nous allons nous entraider»! Selon Pékin, cette zone, en libérant l’Asie de sa dépendance forte au marché US, donnerait 1% de coup de pouce au PIB de l’ASEAN, et 0,3% à celui de Chine.
En 1994 à Bogor, l’APEC s’était fixé un but du même type, mais moins ferme et pour 2020. L’OMC aussi, avait échoué à Seattle à lancer une telle démarche au niveau mondial : échec complexe, mais dont une raison était les doutes de pays asiatiques comme Singapour, préférant les coopérations bilatérales ou régionales. La décision de l’ASEAN nous dit que l’Asie commence à estimer qu’elle pourrait avoir mieux à faire entre elle, qu’avec l’extérieur. Pour l’OMC, l’avertissement est net : il est temps de rouvrir et approfondir le débat des concessions mutuelles. C’est justement, et pas par hasard, le second point à l’ordre du jour de Doha !
Sommaire N° 37