A la loupe : Taiwan – le DPP largue les bagages

Frappée par la récession mondiale et par une vague de typhons, l’économie de Taiwan va régresser cette année – du jamais vu depuis 1951. Les commandes à l’exportation ont reculé de 26,8% en septembre 2001, et la production industrielle de 14,1% : 8ème mauvais mois depuis janvier.

C’est dans ce climat délétère, face à une opinion déboussolée que Chen Shui-bian, le Président (issu du parti indépendantiste DPP), prépare le scrutin législatif du 1er décembre et louvoie entre les rêves nationaux de l’électorat, et les réalités économiques d’une Chine en meilleur état apparent que le reste de l’Asie.

L’effet «attentats /11 sept », à Taiwan comme ailleurs, a insufflé une dose de realpolitik. Pour relancer l’économie, les échanges avec la Chine sont indispensables, ne serait-ce que pour compenser la perte provisoire du marché US, et au nom des 60MM$ déjà délocalisés à la côte entre Pékin et Shenzhen.

Le 29 septembre, Taiwan offrait la réouverture sans délai des liens directs (air, mer, télécom). Le 20 /10, le DPP a sauté un pas historique en modifiant sa charte pour y mettre en exergue (prioritaire) sa résolution de 1999 qui reconnaît l’existence de la ROC, République de Chine une et indivisible. Jusqu’alors, le DPP n’admettait que «Taiwan», notamment par sa clause d’indépendance de 1991, par laquelle il revendiquait pour la population (à 80% indigène, hakka et minnan) la création d’un Etat taiwanais.

L’implication de la nouvelle démarche est, de jure, l’abandon de l’exigence d’un référendum automatique, une fois le DPP au pouvoir (il en est aux portes, ayant la présidence, mais non la majorité au Yuan Législatif toujours aux mains du KMT). Sans aller jusqu’à tendre la main à Pékin, Taiwan recherche les conditions de sa remontée des enfers économiques, qui passe désormais, de façon de plus en plus incontournable, par un dialogue avec Pékin.

 

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