Politique : politique_34_2001

· Ce mois-ci, deux dates ont réuni dans un passé commun les deux rives du Détroit, séparées par 52 ans de rivalité. Chine et Taiwan avaient célébré de concert le «double dix» (10 octobre 2001), anniversaire de la révolution républicaine en 1911. Puis le 15/10, elles ont toutes deux versé une larme sur le décès à 101 ans, à Hawaii, d’un personnage mythique: Tchang Hsueh-liang. Ce «Seigneur de la guerre » mandchou, à la tête d’une armée privée de 200.000 hommes, avait fait basculer le destin du pays en 1936, en kidnappant Chiang Kai-shek, créant ce qu’on appela ensuite «l’incident de Xi’an». Avant de relâcher le Generalissimo, Tchang le contraignit à constituer le «Front uni» contre le Japon entre nationalistes et communistes : c’était en réalité un rare message de la Chine de base, à ses dirigeants de gauche comme de droite, les enjoignant à l’union contre l’ennemi unique, l’envahisseur nippon ! Pour ajouter à sa légende une touche de romantisme trouble, Tchang fut à l’occasion amant d’une fille de Mussolini. Honoré comme «grand patriote» par Jiang Zemin, le remuant maréchal a également reçu un éloge funèbre de la part de Chen Shui-bian, le Président taiwanais.

·  La presse cite cette firme d’Etat de machines-outil du Liaoning déplorant la perte de contrats en centaines de milliers de yuans, faute de disposer d’assez d’OS (ouvriers spécialisés). Un autre cas est Dongfeng Motor, qui se dit «capable de dessiner des voitures demandées par le marché, mais non de les réaliser, faute d’OS ». La raison du déficit est surprenante. Les écoles professionnelles sont bien là, en nombre suffisant. Les frais d’admission sont plus bas que la fac, et les salaires une fois diplômés, sont tout à fait concurrentiels (800$/mois à Shenzhen, et 10% seulement de moins que le détenteur d’un MBA). Mais ce sont les candidats qui boudent cette carrière. Dans le Shaanxi, 54 écoles sur 173 ont dû fermer en 2000 faute d’étudiants, en dépit d’un taux de chômage élevé dans la région. Au niveau national, cette classe d’établissements, en cinq ans, a perdu 20 % de ses effectifs – il s’en ferme tous les ans. Pour appeler les choses par leur nom, les parents perdent la face, à inscrire leurs enfants en école professionnelle, et non dans la filière universitaire: hier héros rouges, les cols bleus, aujourd’hui, font ringard !

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