Les attentats du 11 septembre 2001 semblent avoir inspiré une vague de "realpolitik" dans le monde: les USA ont levé les sanctions sur le Pakistan, la Russie a obtenu le soutien de l’Ouest pour sa guerre en Tchétchénie, et le 8 octobre, à sa propre "forte requête», le 1er Ministre nippon Junichiro Koizumi s’est rendu à Pékin, pour tenter d’obtenir son accord pour un rôle de soutien logistique des forces d’autodéfense japonaises (ravitaillement, médecine) à la guerre anti-terroriste sous houlette US. Cela n’allait pas de soi: une hantise historique chinoise, est la remilitarisation nippone, et les relations sino-japonaises sont médiocres en 2001, suite à un conflit douanier, à une visite à Tokyo de l’ex-Président taiwanais Lee Teng-hui, au refus de Koizumi d’interdire un manuel scolaire minimisant les crimes de guerre nippons des années 1930-’40, et à sa visite au monument de Yasukuni (13/7), partiellement dédié à des criminels de guerre. Contre toute attente, la démarche de Koizumi a abouti. Il s’est rendu au Pont Marco Polo (site de l’incident de départ de la guerre de 1937), a visité un mémorial, puis exprimé "sa sensation profonde de regrets et condoléances envers les victimes chinoises ". Ce qui a permis aux médias chinois (voix officielle) d’estimer que le 1er ministre nippon avait «enfin présenté des excuses aux M de victimes de la guerre d’agression». Jiang Zemin a qualifié la visite d’acte «significatif» qui améliorera les liens bilatéraux. Dans ces conditions, le feu vert chinois pour ce rôle international à l’armée nipponne, a été accordé sans état d’âmes – mission "aisément compréhensible", selon Jiang qui a néanmoins rappelé le souci de principe des asiatiques, face au "militarisme nippon latent".
Sans aller jusqu’à la demande historique d’excuses écrites de Pékin, l’acte de contrition de Koizumi apporte à la Chine une satisfaction réelle, rend possible un rapprochement entre ces deux géants voisins -et un sommet de l’APEC harmonieux, le week-end prochain !
Sommaire N° 33