Le but de l’attaquant-étoile Yu Genwei contre Oman, à Shenyang, le 7 octobre 2001, a fait vibrer le pays tout entier, en assurant la qualification de l’équipe nationale pour la prochaine Coupe du Monde (Japon-Corée 2002), pour la première fois en 44 ans de football professionnel chinois. Victoire qui fait de ces athlètes des héros populaires, et justifie leurs salaires les plus hauts du monde chinois du sport (24.000$/an, moyenne 1ère division). C’est aussi le triomphe de l’entraîneur yougoslave Bora Milutinovic, qui porte sa 5ème équipe nationale en coupe du monde! Sous l’angle financier, ce succès est prometteur de gros bénéfices: le Japon escompte 200M$ de dépenses sur son sol par les supporters chinois durant la Coupe, et une audience TV survoltée (centaines de M de fans du petit écran) grâce au voisinage géographique.
Passée l’euphorie de la folle nuit, le monde du ballon rond est retourné aux réalités moins glorieuses du secteur et des 14 clubs nationaux, qui ont accusé en 1999-2000, un "trou" moyen de 3,6M$. CCTV a le monopole des droits de retransmission, et ses offres sont basses -1,3M$ pour 78 matchs sur 1999-2001, contre 2,3MM$ pour l’équivalent en Angleterre c’est-à-dire 1800 fois moins. La publicité et les ventes de billets (1,2M$ /an par club) ne suffisent pas à couvrir l’achat de joueurs. Ces clubs souffrent de mauvaise gestion, sans concertation des joueurs, et suivant un mode de recrutement non-transparent. La corruption y fait rage- scandales de matches truqués et d’arbitrages douteux ne sont pas rares. Ce qui n’empêche le foot chinois (comme tout le monde en Chine) de saisir sa bonne fortune, et de soigner le mal par l’action: à peine la Chine admise au Mundial, Zhang Jilong, vice Psdt de la CFA, ne vient il pas d’annoncer que son pays préparait sa candidature pour héberger l’épreuve ? « La Chine a tout ce qu’il faut », a t’il donné pour commentaire, « pour recevoir la finale mondiale de football ! »
Sommaire N° 33