Editorial : editorial_33_2001

Ayant atteint fin septembre 2001 les 2/3 de sa hauteur (131m sur 181 prévus), le barrage des Trois Gorges sur le Yangtzé à Yichang (Hubei), bat tous les records – béton (28M m3), puissance (18MKw/h =18 réacteurs nucléaires): énergie attendue par toute la Chine Jaune, qui y assoira sa croissance, ainsi que sur ses réserves de gaz (12MMm3 au Sichuan d’ici 2005). La région aura aussi une navigation plus sûre et une meilleure prévention des crues, qui furent meurtrières en été 1998.

Les 5 écluses de 280m de long sont percées. Dès 2003 se remplira le bassin (durant 6 ans). Déjà 7MM$ ont été dépensés. 28.000 ouvriers se relaient 24h/24, sous les projecteurs et papillons de nuit.

Le barrage garde aussi ses vieux démons: 1,13M d’habitants à reloger (1/3 le sont déjà), 5MM$ d’équipements et 116 villes inondées, la pollution retenue dans ce cloaque de 660 km jusqu’à Chongqing, l’envasement (500Mt/an) -sans parler du spectre d’une rupture qui causerait jusqu’à 50M de morts.

Une mission d’entrepreneurs étrangers de génie civil a pu accéder à l’usine électrique en construction à gauche de l’ouvrage, avec ses trois ponts mobiles et ses 14 fosses cylindriques qui recevront les turbines géantes, signées Alstom, ABB-Siemens, et GE.

Sur le chantier, les experts ont constaté des pratiques non conformes à la norme internationale: au faîte du tablier, des rampes d’accès aux grues au lieu d’ascenseurs, un parc hétéroclite et de camions désuets ou inadaptés, l’absence de chaussures sécuritaires. Mais l’impression finale des experts apparaît nuancée et positive: les pratiques à risques ont trait à la sécurité (c’est peut-être sur elles que sont faites les 2MM$ d’économies annoncés cette année, ramenant le budget à 18MM$), aucune, a priori, n’altère la qualité finale. « Au contraire », dit cet ingénieur, «nos techniques occidentales ont été revisitées et élaguées pour y intégrer celles chinoises séculaires, le tout, sur le plus grand chantier du monde » !

NB : tout au long du trajet des « Trois Gorges », se voient les villes et villages noirs en voie d’abandon, sous le niveau de demain, celles multicolores et neuves, sur la falaise, avec leurs routes ou autoroutes et viaducs lancés au dessus des affluents : de gros moyens sont déployés pour assurer à la région, à temps pour la montée des eaux, sa nouvelle vie !

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