· La mairie de Shanghai s’apprête, dit Shanghai Daily, à fermer 85% de ses agences matrimoniales soit 300/360. Raison du coup de torchon sur les marieuses: elles fraudent les esseulé(e)s en leur faisant croire, moyennant cachet, qu’elles leur présenteront autant d’âmes-soeurs que nécessaires pour qu’elles trouvent leur xin you lingxi yidian tong, (l’union parfaite des âmes, obtenue, en culture chinoise, par l’entremise de la légendaire licorne). La fraude des agences consiste à employer, comme pseudo-candidats, des «gigolos» payés à la rencontre, sans la moindre intention de convoler, et qui se sauvent non sans avoir extorqué au passage quelque cachet ou repas supplémentaire. Loin d’avoir disparu, la pratique antique du mariage arrangé répond donc toujours à une forte demande : privé de toute éducation sentimentale, le chinois moderne ne "sait" pas trouver son partenaire, et/ou n’a pas le temps, coincé dans un rythme toujours plus grinçant. Shanghai qui 2 mois plus tôt, réinventait le mariage civil (cf VDLC n°31/VI), tente ainsi de prévenir désespérance et solitude : de « reboiser l’âme urbaine ».
NB: la quête languissante d’un être aimé, ne concerne pas que la ville. Le phénomène réunit à la fois la mégapole futuriste, et la campagne profonde, comme nous le révèlent deux ans et demi d’études d’une centrale téléphonique d’assistance conjugale en milieu rural: 65% des conflits entre paysans, proviennent de l’absence de tendresse ou d’attention. La paysanne ne supporte plus que son homme regarde chaque soir la TV et pas elle. La Chine s’éveille au refus croissant du désert affectif.
Sommaire N° 33