Editorial : editorial_30_2001

La vague d’attentats sauvages de New York et Washington (11 septembre 2001) a inspiré en Chine des émotions contradictoires. Au téléphone (nuit du 12), Jiang Zemin a réitéré ses offres d’assistance (depuis le carnage, ambassade et avions US bloqués en Chine sont sous forte garde). Mais Qiao Liang, stratège militaire, claironnait son avis non sollicité mais majoritaire: «dommage que les US ne trouvent pas l’auteur de l’attentat… Mais aussi, ils ont tant d’ennemis au monde !»

Le crime du World Trade Center a aggravé le climat d’affaires en Asie (cf sujet «bourse», col. droite): la bourse de HK a chuté de 9%, l’or noir a bondi (+10 %), et l’Asie, privée du cordon ombilical aérien avec les US, a vu l’ampleur de son interdépendance avec le grand voisin. Le spectre de la récession est aux portes, que seul peut prévenir une plus forte coopé multilatérale, surtout sur la stabilité politique et monétaire. Or Bush vient d’appeler à une union mondiale contre le terrorisme, Chine comprise.

Jiang Zemin lui a confirmé que son pays «augmenterait le dialogue avec les US et le monde » dans ce secteur. La promesse est plausible : sous sa direction, Pékin a fondé avec Moscou et 4 Etats d’Asie Centrale le Club de Shanghai, voué à la lutte de l’activisme intégriste, dont le coeur est l’Afghanistan: Chine et US ont bel et bien un intérêt commun!

Mais là aussi, Pékin maintient le flou: avec l’Afghanistan, elle vient (10/9) de signer un mémorandum de coopération économique/technique. Pékin le fait pour 3 raisons: ¬ par alliance historique (contre New Delhi) avec le Pakistan, protecteur de Kaboul, ­ par idéologie tiers-mondiste,® dans l’espoir d’obtenir la fermeture aux Ouïghours des camps des Taliban… L’avenir montrera sans doute l’intenabilité d’un tel plan. A Kaboul, la solidarité panislamique interdit de tels compromis politiques. A Washington, on récuse dès maintenant toute collaboration avec un pays qui arme et soutient des régimes terroristes. La Chine verra la montée d’une pression pour qu’elle clarifie ses options. Dans ce contexte, la rencontre Bush-Jiang en marge de l’APEC en octobre, est une très bonne nouvelle, et une autre, la récente renonciation par Huawei, consortium de téléphonie « privé » (proche de l’APL) d’un contrat à l’Irak, de 28M$ : Huawei, en effet, a aussi des commandes afghanes, entre Kaboul et Kandahar!

 

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