Editorial : editorial_26_2001

«On a gagné»: ces mots à l’écran de CCTV, quelques minutes après la victoire de Pékin pour les Jeux Olympiques de 2008 résumaient la jubilation. Des M de gens se sont rués vers la place TAM, aux cris de joie, gongs et pétards. Des policiers, s’oubliant, se transformèrent comme tout le monde en Paganini du klaxon. Parmi la foule, cet ouvrier de Harbin voyait dans ce vote une reconnaissance que «la Chine grande et forte, avait sa place dans le monde». Autre remarque qui en dit long, un provincial, sur TAM, déclara: «je croyais que Pékin était une ville de massacre – à présent, il me semble que nous avons passé le cap»! Pour Pékin, c’était le triomphe, dès le 2d tour, sur des rivaux tels Paris ou Toronto. La différence d’atmosphère était vive: le soir, la population était consignée. Par peur de l’échec, seules 2 fêtes (ados gominés, rock’n pop, sur invit.) se tenaient. Mais quand Jiang Zemin vint, serrant les mains et «remerciant les camarades», ce fut le signal que cette nuit, pour la 1ère fois en12 ans, tout était permis!

Pour Jiang, c’était une victoire personnelle, au moment crucial de la composition de la prochaine équipe de pouvoir, lui permettant de mieux imposer ses vues au reste du directoire.

Pour la Chine, c’était le bout d’un long chemin, pour obtenir bien plus que des J0, se faire reconnaître d’égal à égal avec le reste du monde. C’ est ce qu’on appelle  nan zheng beizhanremporter la victoire après une longue guerre au sud et au nord » !

Cette fête est aussi la fin d’une fatalité qui forçait, selon Lu Xun, les chinois à «se voir tantôt supérieurs tantôt inférieurs au reste de la terre, jamais égaux». L’attribution des JO a une portée symbolique forte: après huit ans, le monde prend la main que la Chine tendait. Il l’investit de responsabilités nouvelles. Notamment, face à l’OMC, dont les négociations d’entrée reprennent (16/7). Dans cette affaire, un perdant : l’APL, et les faucons aux yeux rivés sur Taiwan!

Reste l’incertitude sur les Droits de l’Homme. Les militants déçus ont peut-être raison de déplorer d’avance, l’absence de grands changements. Les progrès viendront d’une démocratie non pour tous, mais pour beaucoup (villes, Côte, Sud) autour des nouvelles valeurs-argent, résidence, éducation. Démocratie plus floue et lente, mais endogène, et de ce fait, indéracinable !

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire