Editorial : editorial_22_2001

Un 1er âge d’or du vin en Chine advint en 1997 : sous l’engouement d’un «exotisme français», 3,3M hl étaient importés (50% de la consommation), dont le peuple découvrait les vertus médicinales… En 2000, ces temps sont passés: seuls 3,7% des citadins achètent du vin étranger. Avec un nectar moins bon mais bien moins cher, les EE font la loi : Changyu (30%), Tinghua (28%), Great Wall (27%) et Dynasty (15%).

L’étranger change de stratégie. ¶ JV depuis 1988, Dragon Seal (Pernod Ricard), expérience unique de qualité, de marque et marketing, semble prêt à fermer, quoique bénéficiaire (+22% de profits en 2000). Le PDG du groupe déclare : «la Chine n’est plus une priorité».

· Castel, n°1 français du négoce, prépare des accords de fourniture de vin rouge, sous marque du distributeur (Hualian notamment), dans plus de 80 supermarchés et des 10aines d’alliances de catering. L’avantage est de pénétrer le marché, malgré ce climat moins faste, et de contourner les taxes de 114%/ bouteille, en attendant l’OMC (elles descendront à 40%, en 2006). Travaillant sans marque ni image, le risque de cette stratégie est la vulnérabilité, à l’issue du contrat. Ainsi en privilégiant volumes (5M hl en 2000) sur qualité et en chassant ses partenaires experts (car Dragon Seal n’est pas le seul), la Chine suivrait-elle une évolution inverse de celle constatée ailleurs au monde?

Trompe-l’oeil, pense ce professionnel. Le marché chinois serait simplement en train de mûrir.

Avant 1995 le vin, destiné aux seuls étrangers, ne se trouvait qu’en hôtels et Magasins de l’Amitié.

1995 fut l’année de l’explosion, abreuvée par import massif de piquette (1$/bouteille) depuis Canton.

1996-98 fut bien l’apogée, mais à un niveau de qualité bas risquant d’induire un report vers la bière: chaptalisation, colorants, coupage.

2001 est l’ère de la grande distribution, 55% des ventes, pour un marché de 30 à 50M de clients aisés, qui se forment le palais.

Le problème de Dragon Seal serait moins de marché, que de partenaire -ce phénomène de désaffection envers la JV, et la trop faible maîtrise de tout le cycle productif, n’est nullement limité à l’agroalimentaire. Un bras de fer se prépare, entre locaux (ayant entre-temps amélioré leurs techniques) et étranger importé. Enfin, le vin n’est plus un produit de mode, mais il est entré dans les moeurs – en moins de 10 ans !

 

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