· Loin de s’arrêter à la TV et à l’électroménager, la guerre sino-chinoise des prix se mue en guerre sino-étrangère pour la maîtrise du marché intérieur, ultime tactique pour pallier la supériorité technologique extérieure. Afin d’éroder la mainmise de Nokia, Ericsson, Motorola et Siemens, les constructeurs chinois de téléphone portable, 10% des ventes nationales, ont rogné leurs profits pour attirer la clientèle, au risque de provoquer l’effet contraire: bas prix et niveau technique faible provoquent le rejet des yuppies chinois, avides de reconnaissance sociale -on appelle cela, xiyangsaopei (se gratter le dos pour une démangeaison au genou -prendre des mesures inappropriées).
NB: 17 constructeurs nationaux dont Kejian, Datang et Panda, tentent une alliance (1/06) en forme de holding, combinant achats, marketing, pub et R&D.
Sur le marché des presses à imprimerie, qu’elle inventa, l’industrie locale en est réduite à écraser les prix pour protéger son marché. Monopolisé (80% du marché) par le leader mondial Heidelberg, le créneau haut de gamme leur est fermé pour cause d’écart technologique trop fort. Jusqu’ à hier,les producteurs chinois pouvaient survivre sur le marché de l’offset, intermédiaire (dont 60% à Beiren). Mais Heidelberg se tourne vers ce marché avec des atouts imbattables (impression couleur, rapidité) et fait souffler un vent de panique parmi les 1800 usines spécialisées, et fait chuter les prix. Le secteur sait qu’il ne dispose plus que d’un bref répit, sous tarif douanier élevé (40%), pour se restructurer.
· En application d’une décision de décembre 1999, de supprimer la Chine de sa liste des pays « en voie de développement », la Banque Mondiale lui accordera moins de 900M$ pour l’année fiscale 2001, qui s’achève ce mois-ci. Elle en avait signé le double (1,7MM$) en 2000. La Chine était alors 2e emprunteur de l’institution financière.
Cette réduction peut être l’avatar d’un incident politique: entre 1999 et 2000, un projet «BM» de 60M$ pour reloger 60000 fermiers Han sur des terres tibétaines du Qinghai avait été rejeté par la RFA et les US, deux de ses grands bailleurs de fonds, forçant Pékin à retirer sa demande (août 2000) pour éviter de la voir refusée. La raréfaction des crédits de la BM reflète aussi le poids croissant de la Chine.
Pékin peut lever des fonds à l’étranger, comme en avril où les marchés ont couvert rapidement son émission de 1MM$ de bons (en US$ sur 10 ans à 6,799%). De même, la Chine attire de plus en plus d’investissements, à mesure que s’approche l’entrée à l’OMC: au 1er trimestre les investissements étrangers directs (IED) ont grimpé à 8MM$ (+12%) tandis que les IEC montaient de 44% à 16MM$. Une obtention par Pékin des JO de 2008, ne ferait qu’augmenter la tendance.
Sommaire N° 22