A la loupe : SIDA : le silence du Henan

Chiffres et bilans préoccupants continuent à émaner du Henan: des tests dans deux villages ont révélé des taux de séropositivité, parmi les adultes, de 80% et 65%. Des sources médicales chinoises privées évaluent le bilan provincial à plus d’1M. Le plus souvent, contaminés par le réseau des 220 centres d’achat de sang (VdlC n°12/VI) qui ont vu le jour dans les années ’80 avec l’accord des autorités locales, pour satisfaire l’énorme demande des hôpitaux et labos. Ces centres de collecte rémunérée ont été fermés en 1995 – officiellement.

Huit mois après les 1ères révélations, Zhengzhou (la capitale) n’encourage pas la transparence. Les offres d’aide d’organismes humanitaires restent sans réponse, et les malades sans assistance. Grande lutteuse locale contre le fléau, le Dr Gao Yaojie, s’est vue refuser son passeport pour les US pour y recevoir un prix en présence de Kofi Annan (31/5)…

Mais les choses bougent: le Tribunal supérieur du Henan vient de condamner un Bureau de la Santé de Xinye à verser 1,2M$ (coût estimé de 50 ans de trithérapie), à un enfant contaminé en fév.’96 par transfusion: le sang provenait d’une banque illégale, émanation dudit Bureau.

Cette crise pose un autre risque presque aussi lourd – expliquant la prudence de Pékin: un scandale public précipiterait la chute de la pratique des dons de sang, mettant les hôpitaux hors d’état d’opérer – perspective dangereuse. Dès maintenant, seuls 0,8ml de sang/habitant/an sont transfusés en Chine contre 30ml en Occident… L’administration recourt à des expédients, tels ces quotas de «dons» annuels imposés aux firmes, avec amendes à la clé…

Mais la défiance, couplée aux réticences culturelles, y font échec: le système bénévole ne suffisant pas, les centres rémunérés se maintiennent -en clandestinité, hors contrôle – 4 d’entre eux ont été fermés à Chongqing, en déc. 2000!

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