Argent : naissance d’un tigre de papier

· En juin 2000, Shanghai ouvrait la bourse de l’argent, à Huatong, bourse des métaux non ferreux.

Dans l’enthousiasme faisant suite à la levée du monopole, son volume d’échange montait à 25t/semaine. Un an plus tard, le prix de l’argent est au plus bas, tombé de 177$/kg à 148$/kg. Les producteurs accusent le carcan des règlements : une TVA de 17% sur chaque transaction a tôt fait de refroidir des producteurs habitués au confort du monopole d’état. Seuls 10 groupes disposent d’un quota global d’export de 280t d’argent. Résultat, le marché s’engorge, avec une production de 1300t/an pour 800t de demande. Le circuit illégal (hors bourse) et la contrebande, que la bourse visait à éradiquer ont repris de plus belle. Huatong réclame une baisse de la TVA à 8-13%, la hausse du quota d’export à 300/500t, ainsi qu’un marché à terme. Vu ce climat incertain, la bourse de l’or, qui devait ouvrir en juin, basé sur l’expérience de celle de l’argent, vient d’être ajournée indéfiniment. Ceci malgré le souhait du gouvernement de «laisser faire la nature», concernant le marché de l’or (monopole BPdC), qu’il ne veut plus financer: ses invests de prospection ont diminué de 60M$ en 1996 à 12M$ en 2000, alors que la demande monte (2e mondiale), et que les réserves sont faibles (2400t). 

· La participation de la Chine au décodage du génome humain a révélé au monde une puissance émergente en recherche génétique, dotée d’un vivier inépuisable de gènes et d’une main d’oeuvre à bas prix. Ces atouts sont obérés par une carence en capitaux. Les 602M$ de subventions de l’Etat pour le secteur durant le 10. Plan (2001-2005) sont insuffisants. La pharmacie qui, à l’Ouest, finance la recherche, n’a pas les moyens de soutenir les années de financement avant retour d’investissement. Les groupes privés de biogénétique sont trop orientés vers le profit rapide pour entamer des recherches à long terme. Les patrons d’Entreprises d’Etat fortunées redoutent leur limogeage avant la maturation commerciale d’un projet, ou le piratage d’années de coûteux invests. La bourse aurait pu donner aux sociétés de biogénétique accès aux capitaux: elle est statutairement hors d’atteinte de ce genre de PME. Tel est l’enjeu du marché secondaire, remisé sine die pour cause d’éclatement de la bulle mondiale au Nasdaq (NY) en avril 2000, seul à pouvoir financer la recherche biogénétique, et solide alternative aux dotcoms pour les groupes de capitaux à risques, qui regroupent 60MMY en Chine, dont 10MMY à Shenzhen, et 80% de source privée. Tout ceci expliquant le puissant mouvement de lobbying actuellement perceptible en Chine, pour obtenir le feu vert au marché secondaire, sans attendre 2002!

· Huatian, plus grande bourse d’échange nationale du papier, de l’imprimerie et du packaging, a ouvert (26/5) à Pudong sur 15.000m2. D’un investissement total prévu de 9,6M$ sur 3 ans, le centre veut devenir la base asiatique des transactions, des cours, des technologies du secteur -accessible en ligne. 150 firmes chinoises et étrangères ont adhéré au centre, seul membre chinois de l’Association US du Commerce du Papier (NPTA). Le projet vise un chiffre d’affaires de 600M$ d’ici mai’02, puis 1,2MM$ en 2004, la Chine étant un des premier consommateurs planétaires de papier: le shanghaien moyen en "mange" 50kg/an, et son "appétit" doublera d’ici 2006.

· « nous sommes-nous trompés ?» Ensemble, les fabricants chinois de tubes cathodiques couleur (CTC) ont une capacité de 40M d’unités, bien que la demande ait stagné à 28M en 2000. Les invendus, en CTC, ont atteint 3,5M, et le prix unitaire (pour un "29 pouces"), moins de 130$, soit moins 48$ en un an: les usines tournent à perte. Autre contradiction qui découle de la 1ère: les concurrents sortent des tubes similaires, à basse technologie, et n’investissent pas en R&D, qui leur donnerait accès aux produits hi-tech plus profitables. Le cercle vicieux se poursuit: surproduction de télévisions et baisse des prix en avril (20%). Enfin, 8 leaders du CTC "pesant" 95% du marché, tentent un armistice, en gelant la production à durée indéterminée, pour "forcer les fabricants de TV à offrir un meilleur prix»… Au risque que la SDPC lui interdise la manoeuvre, en vertu des lois anti-trust, comme elle l’a fait l’été 2000 contre le cartel des producteurs TV (VdlC n°21/V).

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
0 de Votes
Ecrire un commentaire