Editorial : editorial_2_2001

La présentation (7/01) aux USA d’un ouvrage titré «Documents de Tian An Men», a suscité un vif démenti des autorités – bien prévisible, sur ce sujet très sensible de l’histoire récente. Ce livre de 480 pages, édité par deux professeurs d’universités (Columbia et Princeton), évoque en détails les divisions de l’appareil lors du «printemps de Pékin’89». Il décrit une réunion chez Deng Xiaoping, de huit conservateurs à la retraite, la nuit du 27 mai, ayant limogé le 1er Secrétaire réformateur Zhao Ziyang et nommé Jiang Zemin à sa place: procédure non constitutionnelle, comme les réunions précédentes, où le Comité Permanent (CP) du Politbureau,en faveur du dialogue, voyait sa majorité annulée par l’accès aux votes des vieux conseillers !

Sur le fond, rien, de ce document, n’est vraiment neuf. Par contre, au-delà du mutisme de la presse officielle, ce document hâtivement retraduit en mandarin, nourrit sur la toile chinoise un débat passionné et … fugace. Les éditeurs US attribuent la démarche à un camp réformateur, décidé à relancer la réforme politique. La faiblesse de cette thèse est évidente: qui, dans cette mouvance «hors des affaires» depuis douze ans, aurait eu accès à de telles sources, et le pouvoir de les faire sortir?

NB: n’étant pas impliqué dans la répression de juin ’89, Jiang (jusqu’ au 27 mai, Secrétaire du Parti à Shanghai) ne voit pas sa réputation entachée par le rapport, ni son ambition de devenir «autorité morale», comme celle exercée à l’époque par Deng, voire «Psdt du PCC», poste honorifique occupé par le seul Mao.

Par contre,ce livre ne laisse pas indemne Li Peng, le Prsdt de l’ANP,qui s’était investi à l’époque pour la fermeté, contre Zhao. Il se trouve qu’ aujourd’hui, Jiang prépare sa propre succession en 2002 et veut remplacer 5 des 7 membres du CP par des «jeunes» de sa faction, écartant la vieille garde, y-compris Li : la publication du Doc. de Tian An Men ne nuit en rien à son projet. Entre-temps, Jiang a fait savoir, par visiteur nippon interposé, son désaccord avec ce texte: c’était le moins qu’il puisse faire, pour maintenir face au monde la solidarité gouvernementale!

 

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