Argent : Sinopec investit et change les prix

· un des grands producteurs de céréales fourragères du pays (5% du marché), Eastern Hope -une des quatre branches de la nébuleuse familiale Hope- sous la férule de Liu Yongxing, troisième fortune nationale, est aussi, peut-être, le seul groupe privé qui ose taquiner la finance publique. Ayant 60M$ à placer et cherchant à se diversifier, Hope avait jeté son dévolu sur le secteur bancaire: le 5 avril 2001 il acquérait 15M de parts de la banque Everbright, et offrait d’en reprendre le double, pour 10% du capital. C’était sans compter sur l’opposition d’Everbright, qui a repoussé l’offre publique d’achat hostile, réticente à laisser une entreprise privée augmenter son contrôle, même minoritaire. D’autres, privés, ont moins d’états d’âme: détenteur de 5% de Minsheng Insurance, premier assureur privé, Hope attend le feu vert pour devenir son premier actionnaire avec 15% des parts (18M$). Par ailleurs, Hope détient 5% de Shanghai Bank, Minsheng Bank, Chengdu Commercial Bank, et Shanghai Bright Dairy (investissement total : 60M$), et pour Liu Yongxing, «ce n’est que le début !».

· au premier trimestre 2001, le PIB chinois a cru de 8,1% (239MM$), dépassant de 7,5% les prévisions. L’ export, bien qu’en hausse de 14,7% (59,3MM$) n’a pas atteint les cimes de 2000 (+27,8%). Pendant ce temps l’import, à + 17,3% (54,5MM$) faisait piquer du nez l’excédent commercial de 9% (4,8MM$). Pékin a compensé cette dérive par davantage de dépenses: les investissements d’infrastructures sont montés de 12,4% (46,8 MM$) en janvier-mars (14% en mars) contre 9,3% en 2000. Pour mieux vacciner son économie contre la fatigue mondiale, l’Etat émettra 60,2MM$ de bons en 2001. Quant à la consommation, moteur de croissance responsable de 60% PIB, les ventes au détail ont augmenté de 10,3% (112 MM$) et l’indice des prix a progressé de 0,7% au 1er trim. (contre 0,4% en 2000), grâce à la hausse des salaires des cadres et aux dépenses du Nouvel an Chinois. L’indice, bien en dessous des 2% synonymes d’inflation, trahit le maintien très ferme chez l’usager, de sa réticence à sortir le porte-feuille. Contrairement aux investisseurs "étrangers", aux starting blocks de l’OMC. De janvier à mars, les investissements directs étrangers réels ont augmenté de 11,7% (8MM$), ceux contractés de 44,3% (16MM$). Le 31 mars, à 176 MM$, les réserves en devises faisaient la roue (contre 165MM$ fin décembre). Les résultats de ce 1er trim. forcent plusieurs économistes chinois à revoir leur copie pour 2001: le PIB atteindrait 7,5-7,8% (au lieu de 7%, chiffre précédent). D’autres persistent et signent: il y a trop d’incertitudes, notamment pour l’économie US…

· le 16 avril 2001, Sinopec, n°2 du pétrole/gaz, publiait des profits nets de 2,3MM$ en 2000 (+306%) sur un chiffre d’affaires de 39MM$. Résultats dus, admet le groupe, à la flambée des cours mondiaux, une forte demande et ses efforts en marketing et en baisse des coûts. Malgré des prix plus bas cette année, qui ont fait chuter son titre à Hong Kong (1,26HK$ le 19/4 contre 1,61HK$ lors de sa mise en circulation en octobre 2000), le géant à de grandes ambitions pour 2001. Il veut: Ê épargner, sur ses coûts, 265M$;

Ë émettre 3MM de parts «A» en bourse de Shanghai, pour 1,2MM$, destiné aux financement de 2 oléoducs (Ningbo-Nankin via Shanghai, Maoming-Kunming, ce dernier destiné aux produits raffinés) et au rachat des actifs « nobles » de National Star, titulaire de 53,6Mt de réserves prouvées de brut, et de 73MM mètres3 de gaz. National Star augmentera la capacité de production de Sinopec, son talon d’Achille;

Ì conclure les négociations pour trois réseaux provinciaux de stations service avec Exxon-Mobil, Shell et BP, dans le Fujian, le Jiangsu et le Zhejiang. Chaque réseau en JV prévoyant 150 stations la première année, 500 à la fin de la troisième. La conjoncture ayant cessé d’être en sa faveur, afin d’optimiser ses ventes et ses profits au détail, Sinopec fait pression sur le pouvoir pour modifier le système de « prix national au détail », introduit en juin en remplacement du prix d’Etat. Conçu pour refléter, étalées dans le temps, les fluctuations mondiales, le système établit les prix nationaux à partir de la moyenne des cotations à Singapour le mois précédent. Sinopec déplore que le marché (raffineries, négociants) puissent connaître ces prix à l’avance, sur internet par exemple, et achète au moment le plus favorable – à la veille d’une hausse des prix- "snobant" les stocks dès que les prix sont à la baisse. Pauvres riches !

 

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