Mené en novembre, le cinquième recensement a livré (28 mars 2001) son premier bilan: avec 1,265 MM d’habitants, il est à la fois rassurant et décevant !
Rassurant par son évolution : le contrôle des naissances porte ses fruits. Moyennant l’effort pénible pour les familles, d’un enfant par couple en ville et 2 au village, la population n’a cru depuis 1990 que de 132M, soit 1,07% par an et 0,4% de moins qu’en 1990. Le nombre d’enfants est passé à 1,82 par femme : la fertilité se maintient sous le seuil de remplacement -la population va vers le déclin. La famille compte 3,44 personnes, une demie de moins qu’il y a 10 ans. Ce peuple commence à vieillir: les moins de 14 ans sont 23%, et 5% de moins qu’en 1990. Enfin, la population poursuit son exode rural rapide: 36% sont citadins au lieu de 26% dix printemps plus tôt: tout va donc dans le sens d’une maîtrise chinoise de sa propre croissance !
Mais il y a problème de crédibilité: malgré la marge d’erreur promise, « inférieure à 1,8% »: plusieurs données ne cadrent pas: Ê le recensement reconnaît 17M de naissances par année: c’est 8M de moins que le plan national de vaccins périnataux, établi loin de soucis propagandistes, afin de protéger les bébés chinois en chair et en os: 25M par an ! Ë en décembre 2000, dans leur mensuel spécialisé, les démographes envisageaient un taux de fertilité entre 2,0 et 2,3, et la Commission Nationale du Planning Familial, 2,0. Or, dans un pays de cette taille, la différence entre ces chiffres et celui du recensement se traduit par -au moins- 100 millions de Chinois non déclarés. Ì Le recensement voit dans les naissances, 117 garçons pour 100 filles. Mais la CASS avait vu, en 2000, (résultat d’avortements sélectifs), un taux de 130/100. D’où vient le décalage? Des dérapages à tous les niveaux. Les enfants au noir ont été cachés au passage des recenseurs. Les provinces falsifiant leurs statistiques, se sont couvertes en confirmant leurs faux chiffres. Surtout, l’administration ne peut admettre politiquement la dure vérité: la contrainte, comme instrument de planning, ne marche plus! NB: le contrôle des naissances amorce un changement de cap. Pékin admet que les conditions pour autoriser une seconde naissance en milieu rural après trois ans, dépendent « désormais » du niveau local et non du central – c’est un assouplissement!
Sommaire N° 13