Une des rares fêtes basées sur le calendrier solaire, Qing ming, (pure clarté), Jour des Morts, a lieu 2 semaines après l’équinoxe de printemps (le 5 avril). Son sens: l’éclosion, la vie jaillissant de la mort, la proximité influente des disparus, par opposition aux Dieux, plus distants – les prières pour la fertilité (du champ comme du foyer) vont aux ancêtres, pas aux divinités. En ceci la tradition chinoise s’oppose à celle chrétienne, où Dieu est parmi les hommes, et les morts dans l’au-delà.
Comme chaque année, ce jeudi (férié), citadins et paysans, vêtus de blanc (ou d’un simple brassard) hanteront cimetières et temples, en famille, désherberont et fleuriront les tombes, brûleront papier doré, « monnaie de l’enfer » et bâtonnets d’encens, en offrant fruits, coupelles de riz et de vin et en faisant voler leurs cerfs-volants, voire (comme dans l’ancien temps) en ripaillant et contant fleurette.
Mais hausse démographique et urbanisation forcenée bouleversent les rites. La soif de terre contraint l’Etat à encourager la crémation (qui traite déjà 40% des morts) plutôt que la sépulture. Le Guangdong est à l’avant-garde, passant de 23% à 80% de crémation en 3 ans, ce qui lui a permis de recouvrer l’usage de 580ha de terres, et d’économiser (selon China Daily) 170.000m3 de stères de bois et 714M$ de frais de funérailles. De même, depuis 1997, le Guangdong a recyclé 430.000 tombes le long des routes et voies ferrées, et investi 9,6M$ dans 43 centres de pompes funèbres, funérariums et lieux de crémation. Tout cela pour concilier tradition et moyens techniques du plus grand peuple du monde au XXI. siècle, une fois que l’être aimé a yi ming bu shi -fermé les yeux et cessé de voir!
Sommaire N° 13